Laura, de la Martinique à Marseille

La France est un petit pays. Mais elle a des départements lointains. Alors Laura a traversé l’Atlantique pour venir faire ses études à Marseille.
Elle parle de son année loin de sa famille, loin de la Martinique.

TRANSCRIPTION
L : Laura / A : Anne

A : Alors Laura, vous êtes étudiante à Marseille, mais en fait, vous n’êtes pas de Marseille.
L : Non, pas du tout. Donc, moi j’habitais à Créteil au début.
A : Oui, c’est la région parisienne, ça.
L : Voilà, exactement dans le 94.(1)
A : Oui.
L : Donc mon père étant agent de… étant gardien de la paix a été muté pour les Antilles, et plus particulièrement la Martinique. Donc je l’ai suivi et ça fait (2) cinq ans que j’habitais là-bas et pour faire mes études, donc je suis revenue sur la métropole (3) mais à Marseille.
A : D’accord. Mais votre papa, il est antillais. Enfin, il est martiniquais.
L : Il est d’origine antillaise.
A : D’accord et donc il avait obtenu sa mutation là-bas, et il a emmené la famille.
L : Exactement.
A : D’accord. Et donc… Donc vous connaissez les deux, quoi, finalement : la métropole et puis la Martinique. Mais alors, pourquoi est-ce que vous êtes venue faire des… enfin la suite de vos études à Marseille ?
L : Parce qu’en fait, je voulais pas être dépaysée, je voulais rester près du soleil, près de la mer, donc…
A : Ah d’accord ! Mais on peut pas… on peut pas… Il y a pas d’IUT… ?
L : Il y a des IUT mais il y avait pas la section que je voulais en fait.
A : D’accord. Donc il fallait…
L : Il fallait… aller sur… vers la Guadeloupe. Donc Guadeloupe ou métropole, je me suis dit comme j’avais vécu en métroplole, donc…
A : Ah bon ! Oui, oui.
L : Je suis descendue ici.
A : D’accord, mais quand même, la Guadeloupe, c’est plus près de la Martinique !
L : Oui mais bon, je sais pas, j’avais envie de changer un peu d’air.
A : Changer carrément.
L : Voilà. Tout en restant près de la mer.
A : D’accord. Oui, oui, bah c’est sûr qu’à Marseille, bon, le climat est quand même agréable. Mais… là ici, donc vous êtes seule ? Vous êtes…
L : Oui. J’habite seule dans une résidence étudiante.
A : D’accord.
L : Assez près de la fac, d’ailleurs, de l’IUT.
A : Oui. C’était pas trop dur de s’adapter, loin de la famille ?
L : En fait, au début, on est content, parce qu’on se dit qu’on va avoir notre appartement, on va avoir notre indépendance. Bon après, de temps en temps, on se sent un peu seul mais bon…
A : Oui, de temps en temps, on a un peu le cafard. (4)
L : Voilà, mais on arrive quand même à… à surmonter.
A : D’accord. Ouais. Et c’est ça, votre famille vous manque ?
L : Ah… beaucoup même !
A : Oui. C’est… c’est… Vous avez des frères, des sœurs ?
L : J’ai trois frères et une sœur.
A : Ah oui, d’accord. Ils sont plus jeunes ou… ?
L : Tous plus vieux que moi.
A : Ah ! Plus vieux que vous ! Et ils sont tous là-bas à la Martinique ?
L : Ah non. J’en ai une qui est en Angleterre, j’en ai un qui est sur le Mans, j’en ai un autre qui est à peu près à côté de Marseille… et… bah c’est tout, hein, je crois. C’est bon. (5)
A : D’accord. Et… et votre papa, lui, il est à la Martinique.
L : Voilà, mes parents sont en Martinique.
A : Ouais, d’accord. Et alors comment vous communiquez avec eux, parce qu’il y a le décalage horaire quand même ?
L : Il y a six de heures de décalage horaire en été et cinq heures en hiver (6). Mais bon, après, on essaye (7) de quand même communiquer vers… Ils essayent… J’essaye plutôt de les appeler le matin, pour être sûre de les avoir. Bon, je les réveille de temps en temps parce que quand j’appelle, là ici, il est midi, il est six heures du matin là-bas. Donc… Il y a toujours le téléphone, quoi.
A : C’est par téléphone ?
L : Ils ont pas internet, donc toujours le téléphone.
A : Ah bon, d’accord. Oui, oui. Et… Qu’est-ce que je veux dire… ?(8) Vous… Vous y retournez souvent ou pas ?
L : Bah étant donné que le prix des billets, il est excessivement cher…
A : C’est vrai ?
L : Que ce soit en période scolaire ou hors période scolaire (9), donc je pense que j’y retournerai une fois par an chaque fois.
A : Ah d’accord, là vous êtes là depuis septembre (10)?
L : Voilà, exactement.
A : Et vous n’êtes pas rentrée du tout donc.
L : Non.
A : Même pas à Noël ?
L : Même pas à Noël.
A : Ah oui, d’accord.
L : Parce que même le prix du billet, là, pour juillet–août… Bon juillet-août, c’est quand même les périodes scolaires, j’en ai eu pour à peu près sept cents à huit cents euros.
A : Oui, ça fait cher (11), hein !
L : Et pour vraiment des périodes quand même assez éloignées quand même. Et je l’ai pris en avance.
A : Oui, donc c’est vraiment très cher.
L : C’est vraiment très cher.
A : D’accord. Donc on peut pas rentrer comme ça pour un oui, pour un non. (12)
L : Ah non ! Ça, c’est clair ! (13)
A : D’accord. Et donc là, vous faites vos études ici. Mais après, qu’est-ce que… Bon, c’est pas fini, les études…
L : Non, ça, c’est clair.
A : Mais après, vous avez des idées, si vous voulez, je sais pas, moi, aller vivre en Martinique ou rester en métropole ou… ?
L : Moi, ce qui me plairait, c’est de voyager le plus que possible (14) étant jeune. Donc là, je suis passée par Marseille. L’année prochaine… enfin l’année prochaine, je suis encore sur Marseille. Après le DUT, j’espèrerais (15) aller vers l’Angleterre pour… pour approfondir la langue, et après, retourner peut-être vers la Martinique ou les Antilles.
A : D’accord. D’accord.
L : Voilà.
A : Bon. Et à Marseille, qu’est-ce qui vous a… ? Je sais pas, il y a des choses qui vous ont surprise ou… ?
L:  Ben, pas spécialement. J’ai bien aimé déjà (16) la manière dont certaines personnes m’ont accueillie.
A : Oui.
L : Parce que ils sont… J’avoue que les Marseillais quand même, ils sont assez accueillants.
A : Oui.
L : Comparé à d’autres villes. Mais… sinon, bon… à part… Non.
A : Non ?
L : Non, pas spécialement.
A : Et le climat en hiver ?
L : Ah oui ! Un peu rude ! On m’avait dit qu’il y avait pas trop de neige… Bon là, comme par hasard, cette année, je suis arrivée et la neige est tombée. Bon j’étais assez contente de revoir la neige mais bon… Il fait froid !
A : Oui. C’était exceptionnel mais…
L : Ah, ça fait du bien !
A : D’accord. Oui, bah vous aviez déjà vécu quand même dans des… Créteil, c’est pas un climat très, très agréable quand même !
L : Voilà. Quand même. […] j’étais habituée aussi donc, je peux pas dire mais… Bon là, il fait un plus chaud. Mais l’hiver, il est rude ! Quand on sort (17) de Martinique !
A : Oui, oui. C’est sûr.
L:  C’est dur !
A : D’accord. Bah merci !
L : De rien.

Quelques explications
1. le 94 : le département du Val de Marne au sud-est de Paris. Créteil est sa préfecture.
2. ça fait 5 ans que j’habitais là-bas : on doit dire « ça faisait 5 ans que j’habitais là-bas ».
3. la métropole : la France en tant que telle, par opposition à ses départements et territoires d’Outre Mer. ( les DOM-TOM )
4. avoir le cafard : expression familière pour dire qu’on est un peu déprimé.
5. C’est bon : en fait Laura en a oublié un ! Le compte n’est pas bon !
6. La France métropolitaine change d’heure 2 fois par an : fin mars, on passe à l’heure d’été. On avance les montres d’une heure. Fin octobre, on les recule d’une heure et on passe à l’heure d’hiver.
7. essayer : ce verbe se conjugue de 2 façons. Soit on dit comme Laura : j’essaye. Soit on dit : j’essaie. Les 2 formes sont correctes et autant employées l’une que l’autre. C’est comme vous voulez !
8. Qu’est-ce que je veux dire ? : on emploie souvent cette phrase quand on cherche ses idées. On dit souvent aussi : « Qu’est-ce que je voulais dire ? », à l’imparfait. C’est la même chose.
9. en période scolaire ou hors période scolaire : Laura veut dire que pendant les vacances scolaires, les billets d’avion sont plus chers parce que la demande est la plus forte. Mais vers les Antilles, le voyage reste très cher comparé à d’autres destinations où la concurrence est plus libre !
10. en septembre : c’est le début de l’année scolaire et universitaire en France.
11. ça fait cher = c’est cher. Expression très fréquente.
12. pour un oui, pour un non = sans raison, juste quand on en a envie tout d’un coup.
13. c’est clair = c’est sûr.
14. le plus que possible : normalement on doit dire « le plus possible ».
15. J’espèrerais : on doit dire « J’espère » (au présent) , ou alors « J’aimerais » (au conditionnel présent). En fait, dans la tête de Laura, il y a téléscopage entre plusieurs façons de dire, comme souvent à l’oral.
16. déjà : ici, ça signifie que c’est la première chose à laquelle Laura pense pour répondre à la question posée.
17. quand on sort de Martinique = quand on vient de Martinique.

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