Vous vous souvenez de Michel et de son vélo? Eh bien, quand il n’est pas en train de pédaler et qu’il a du temps libre, son autre passion, c’est de s’occuper de ses abeilles. Petite conversation enregistrée cet été. L’occasion de faire un petit tour dans la nature à travers les saisons et d’entendre le bel accent du sud-ouest !
TRANSCRIPTION
M : Michel / A : Anne
A : Bon Michel, à part le vélo, tu… tu fais aussi autre chose…
M : Oui, je fais de… de l’apiculture, c’est-à-dire l’élevage des abeilles, et des ruches et bien sûr pour obtenir le miel… pour… pour avoir le miel.
A : Mais comment tu as eu cette idée ? Bon, tu habites à la campagne, d’accord, mais… quand même !
M : Eh beh alors, cette idée m’est venue très simplement parce que j’avais des arbres dans mon jardin, des pommiers, des arbres fruitiers et finalement qui fleurissaient bien. Et puis, il n’y avait pas de pommes. Et je me suis donc aperçu qu’il n’y avait pas d’abeilles qui butinaient les fleurs.
A : D’accord.
M : Donc je me suis dit « Eh beh voilà, je vais me lancer (1) dans les abeilles moi-même, pour mes arbres. »
A : D’accord.
M : Voilà.
A : Et alors, tu as commencé avec quoi ? (2) Une ruche ?
M : Alors au début, non, j’ai commencé avec deux ruches.
A : Tu les as achetées ? (3) Ça s’achète ?
M : Euh oui. Ça s’achète. C’était d’ailleurs… C’est parfois difficile à trouver selon les saisons parce qu’il y a des fois (4) d’énormes pertes selon les… les périodes, les hivers. Donc les… les professionnels gardent, hein, les ruches, les essaims. Cette année-là, ce fut difficile (5), donc j’ai trouvé deux ruches, deux…
A : Mais alors, tu achètes la ruche avec l’essaim dedans ?
M : Euh…Non. On achète l’essaim. On donne une ruche vide à l’apiculteur…
A : Il met un essaim…
M : Qui… C’est une nuit, on va dire, qui fait un transfert, de cadres, hein, parce qu’il a … C’est un professionnel, il… il suffit tout simplement de prendre le cadre où il y a la… la reine, de la… de la changer de ruche, et tout le monde suit, dans la journée, quoi, hé, c’est long mais voilà. Et donc quelque temps après, quand elles sont habituées, on va rechercher cette ruche.
A : D’accord. Mais ça coûte combien, ça ? Tu… Tu le payes, non ?
M : Oui, autour de soixante-dix… entre 70 et quatre-vingts, quatre-vingt dix euros selon le… la personne, selon… voilà, hein. C’est autour de ces prix-là.
A : Et alors, qu’est-ce qu’elles butinent là, ici chez toi ?
M : Alors ici, c’est donc… Nous, nous sommes sur le Causse (6) , donc il y a toutes les fleurs du Causse. Il y a de l’élevage ovin (7) , donc il y a beaucoup de luzerne. Elles pourraient butiner la luzerne mais le problème, c’est que l’agriculteur coupe la luzerne dès qu’elle est en fleur.
A : Trop tôt !
M : Voilà. Il y a bien sûr des arbres divers . Il y a aussi des… des… des plantes qu’on ne soupçonne pas, qui sont de très bonne plantes pour les abeilles, c’est par exemple la ronce et la mûre. Et d’ailleurs, je constate que dans les haies, où la… la ronce donc pousse naturellement, il y a de plus en plus de mûres. C’est la preuve que les abeilles font leur travail, récupèrent le pollen des… des ronces donc et que les mûres poussent.
A : D’accord. Tout le monde est content !
M : Tout le monde est content !
A : Après, on peut faire des confitures de mûres.
M : Oui, oui.
A : Et alors, tu as combien de ruches maintenant ?
M : Alors maintenant, en fait, j’ai cinq ru… enfin quatre ruches, je vais dire. Quatre plus une, j’ai bien dit cinq parce qu’il y en a une qui est de l’année. C’est un essaim que j’ai récupéré. Donc elle sera efficace l’an prochain. Voilà. Alors moi, j’ai fait comme beaucoup d’agriculteurs, d’apiculteurs pardon ! C’est que j’ai subi l’hiver précédent où de sept, j’ai perdu donc trois ruches. C’était… c’était pas cet hiver, c’était le précédent encore, parce qu’il y a eu un très mauvais hiver et derrière (8), un très mauvais… un très mauvais printemps, et que donc, beh elles sont mortes, plus ou moins entre le froid, l’humidité et la faim, et de… des diverses raisons, donc, voilà. Il y a trois pertes d’essaims.
A : D’accord. Et tu… Alors après, tu fais ton miel.
M : Et après, je fais mon miel. Maintenant, c’est-à-dire autour du quinze août.
A : Ah, d’accord. Et alors la production, c’est une production industrielle ?!
M : Euh… Non, là, c’est… Evidemment c’est très artisanal.
A : De toute façon, c’est toujours assez artisanal, quoi…
M : Ah oui, c’est toujours très artisanal . Bon de temps en temps, il y a un moteur éléctrique qui fait tourner les cadres, on va dire ça comme ça, pour aller plus vite…
A : Pour extraire…
M : Voilà, pour extraire . En fait, il y a un extracteur qui avec la vitesse de rotation, une centrifugeuse, propulse le miel à l’extérieur d’un récipient et il coule. Et on attend qu’il coule et après, il suffit de… de… de remplir les pots.
A : Et alors, combien de pots ?
M : Beh, une ruche, c’est entre vingt et cinquante kilos.
A : Ah, quand même ! (9)
M : Oui. Voilà.
A : D’accord. Et les pots, oui, il y en a de cinq cents grammes, ou un kilo.
M : Alors après, oui, c’est au choix de l’apiculteur : des petits pots, des grands pots, des… Voilà.
A : Alors, tu manges tout ça ?
M : Non, pour l’instant, j’en donne. Je… j’ai plein d’amis, de la famille, voilà.
A : Oui, oui.
M : Jusqu’à maintenant, j’ai fait ça. L’objectif étant peut-être en effet de passer plus à une… à quelque chose de plus sérieux. Bon, mais c’est très… Finalement, les deux dernières années… les deux dernières années là, oui, ont été difficiles et… donc il faut réfléchir. Alors, moi j’ai progressé parce que justement, l’hiver dernier, je les ai très bien nourries dès l’automne, parce qu’en fait, j’ai parlé avec un professionnel apiculteur : il y a un décalage des saisons. En fait, la… la… l’abeille donc, et son élevage te permet d’être directement en phase avec… Tu ne peux pas faire autrement que d’être en phase avec les saisons et la nature.
A : Oui, oui. Tu peux pas aller contre.
M : Tu peux pas aller contre. Et donc, il faut s’adapter. Et on s’aperçoit que l’automne est beau, ensoleillé, que l’abeille donc veut sortir. Elle n’a des fois pas… Il y a pas de feu… Il y a pas de fleurs…
A : Y a plus de fleurs. (10)
M : Voilà. Par contre, si tu la nourris artificiellement, par… avec des sucres, hein tout simplement, elle se renforce, elle peut donc… C’est… donc c’est ce que j’ai fait. Elle peut donc passer l’hiver sereinement et être efficace dès les premiers beaux jours du printemps. Voilà. Parce qu’en fait, il y a un seuil d’abeilles, il y en a une quantité qui fait que en deçà de ce seuil, en-dessous donc, elle ne pourra pas être efficace au printemps et donc il y aura une mort annoncée.
A : Ouais, c’est intéressant, hein.
M : Voilà.
A : D’accord. Merci beaucoup
Quelques explications :
1. se lancer dans une activité : démarrer une activité.
2. Tu as commencé avec quoi ? : question orale, au lieu de dire « Avec quoi as-tu commencé ? ». L’intonation est bien sûr importante. On n’écrit jamais une telle question, mais c’est naturel à l’oral.
3. Tu les as achetées ? : même chose que précédemment. L’intonation montante est essentielle pour que cette structure de phrase devienne une question à l’oral. Beaucoup de questions posées par Anne sont sous cette forme.
4. des fois = quelquefois ( un peu plus soutenu que « des fois ») .
5. ce fut difficile : c’est le passé simple, employé essentiellement à l’écrit, dans des romans, des récits. Normalement, on dit : « ça a été difficile. » Michel aime bien le passé simple !
6. Le Causse : Michel habite dans l’Aveyron, un département du sud-ouest de la France où les causses sont des paysages typiques. Un causse, c’est un plateau calcaire.
7. l’élevage ovin = l’élevage des moutons et des brebis. Il y a beaucoup de moutons et de brebis dans l’Aveyron. On fait le Roquefort avec leur lait.
8. derrière : ici = à la suite, juste après.
9. quand même ! : pour marquer la surprise ici et montrer qu’on trouve que c’est une production importante à laquelle on ne s’attendait pas.
10. Y a plus de fleurs : très oral ( n’écrivez jamais ça ! ) = Il n’y a plus de fleurs.
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