La Provence et ses traditions. Arles et ses Arlésiennes.
Camille et Marie-Ange font partie de ces femmes attachées à l’histoire et aux coutumes de leur région qu’elles perpétuent en portant les habits traditionnels des Arlésiennes lors de fêtes provençales. Et vous allez voir, c’est tout un art de s’habiller comme les femmes du temps jadis ! C’est ce que nous fait découvrir Julie grâce à ses questions et à ses photos.
Petit clin d’oeil: reconnaîtrez-vous Julie sur l’une des photos ? Nous, nous ne l’avions jamais vue comme ça, et franchement, nous l’avons trouvée très belle et élégante !
Transcription:
J: Julie / C: Camille / MA: Marie-Ange
J: Alors, bonjour les filles ! Bonjour Camille et bonjour Marie-Ange. Alors vous, votre passion, c’est de vous habiller en Arlésiennes parce que, bah, vous tenez à faire honneur aux… aux coutumes provençales. Mais avant tout, c’est quoi, une Arlésienne ?
C: Alors, à l’heure d’aujourd’hui, est connue sous le nom d’Arlésienne, bah, une habitante d’Arles. Mais à l’époque (1), une Arlésienne, ben, c’était les femmes donc d’Arles et des alentours de la ville d’Arles, qui portaient le costume traditionnel.
J: D’accord. Et est-ce qu’il y a plusieurs types d’Arlésiennes ? Par exemple, une Arlésienne de… de l’agriculture, enfin, de… du… du pays…
MA: Oui, il y a différents… Il y a différents costumes. Alors, sans trop rentrer dans le (2)… Il y a le costume de paysanne. Donc elles sont pas coiffées, elles ont des chapeaux qui cachent vraiment le visage parce qu’elles travaillent dans les champs, parce que il fait très chaud en Camargue (3) et aux alentours. Après, il y a le costume de Mireille (4). Donc c’est le costume de la petite fille à partir de 8-10 ans jusqu’à la jeune fille qui va prendre son ruban à l’âge de 16 ans (5). Et après, il y a vraiment le costume d’Arlésienne, donc le costume en ruban.
J: D’accord. Et après, quand vous, vous voulez vous habillez en Arlésiennes, comment ça se passe ? Est-ce que… enfin, par exemple la veille… comment… Qu’est-ce que vous faites ?
MA: Alors, beh, c’est… c’est pas une mince affaire (6) ! La veille, il faut préparer les costumes. Bon moi personnellement, j’amidonne mes jupons, sachant…
J: Ça veut dire quoi, amidonner ?
MA: Alors, amidonner, c’est mettre de l’amidon. C’est durcir le bas des jupons pour que la tenue… la jupe ait de la tenue.
J: D’accord. Et en ce qui concerne la coiffure, comment… comment ça se passe ? Est-ce que vous avez une… une coiffure spéciale ? Qu’est-ce que vous devez faire pour… pour ressembler à l’Arlésienne type ?
MA: Bon, bah déjà, il faut avoir les cheveux longs, assez longs. Assez longs pour pouvoir préparer des bandeaux, parce que bon, c’est vrai que c’est une coiffure un peu spéciale. Il faut… Moi, étant donné que j’ai les cheveux fins, la veille, je me gaufre (7) les cheveux pour qu’ils aient un peu plus de volume. Donc une fois gauffrés… Et puis, je dors comme ça. Et le lendemain, par contre, après, je me coiffe.
J: Alors, comment ça… Enfin, comment ça se passe ? Est-ce que c’est par exemple… c’est comme pour un chignon de mariée: on fait une base, ensuite, on remet des choses… Comment ça se passe ?
C: Alors, tout à fait. Donc déjà, il y a la pose d’un peigne. Le peigne, ça va être le…
J: L’élément central ?
C: Vraiment l’élément central. C’est ce à quoi va être rattachée la coiffure.
J: Et vous le mettez où, ce peigne ?
C: Donc le peigne, il se met au-dessus de la tête. Donc à environ… On mesure ça avec la main: à quatre doigts de la base des cheveux. Donc à partir de là, une fois que le peigne est posé à l’aide d’une élastique (8), on se crêpe les cheveux.
J: Alors, crêper, c’est quoi ?
C: Donc crêper, c’est… on se fait des noeuds dans les cheveux pour avoir vraiment du volume. Et donc à partir de là, on va pouvoir former les bandeaux qui vont être le… l’élément principal de…. de la coiffure.
J: D’accord. Et là, après, vous êtes prêtes ?
C: Donc une fois que les bandeaux sont faits, ensuite donc sur… Pour cacher ce peigne pas très esthétique (9) en plastique, on met ce qu’on appelle un dessus de coiffe. Donc pareil, selon le costume, soit il est en dentelle ou en coton. Et ensuite, une fois que le desssus de coiffe est posé, on pose le ruban.
J: D’accord. Et là, comment ça se passe pour poser un ruban ? Et ça correspond à quoi ?
MA: Alors, le ruban, il faut se dire que chez l’Arlésienne, c’est quelque chose de… de majeur (10). Plus (11) le ruban est beau, plus à l’époque… Plus le ruban est beau, et plus l’Arlésienne était riche. Il faut se dire que ces rubans sont très chers, de nos jours.
J: Ils sont en quelle matière ?
MA: Alors, c’est du velours de soie.
J: D’accord.
MA: Voilà. C’est du velours de soie. De nos jours, ben, c’est… Ils sont extrêmement chers.
J: Ils coûtent combien à peu près ?
MA: Alors, ben, un ruban ancien, il faut compter 800 euros (11).
J: D’accord !
MA: Voilà. Et maintenant, on a la chance d’avoir en France plus qu’une seule personne qui arrive encore à tisser des rubans. C’est monsieur Vivier-Merle, et qui nous donne vraiment des rubans très, très beaux et presque…
J: Identiques.
MA: Identiques à… aux anciens. Et il faut compter 380 euros, je crois.
J: D’accord. Et une fois que vous avez mis le ruban, donc maintenant, vous passez (13) le costume et vous êtes prêtes.
C: Hm, hm. Et on n’a plus qu’à enfiler le costume, à le mettre en place, enfiler nos bijoux. Et on est prêtes.
J: Vous avez quoi, comme style de bijoux ?
MA: Eh beh, tout dépend le costume (14).
J: D’accord.
MA: Voilà. Tout dépend le costume. Si on est en costume de cotonnade par exemple – une cotonnade, on va la mettre pour aller aux arènes (15), pour faire une journée campagne (16), pour… pour aller… Bon, c’est à dire que elles mettaient le… le costume coton pour tout ce qui était marchés (17)…
J: D’accord. Travaux de tous les jours.
MA: Travaux de tous les jours. Voilà. Elles avaient souvent… Elles avaient un grand… Sur les photos anciennes, on voit qu’elles avaient un grand tablier chez elles. Et quand elles partaient faire quelque chose, aller en ville ou quoi, hop (18), elles enlevaient le tablier. Et puis elles étaient donc en… en coton. Donc le costume en coton, on aura toujours un ruban bleu marine. Les bijoux seront des petits bijoux. Alors, ou en argent ou en or, mais bon, en principe, en…en cotonnade, c’est vrai que c’est vraiment des bijoux très simples. La petite croix, des petites dormeuses (19), voilà. Après, par contre, on passe au niveau supérieur où on met un costume en soie, où il y a de la dentelle, il y a des p[…], des pélerines (20). Donc là, c’est vraiment le… les beaux bijoux, des grosses… des cathédrales, des… C’est vraiment des grosses boucles, des poissardes (21), qui… Alors, on dit poissardes, mais maintenant à notre époque, c’est plutôt créoles. Ça fait le genre créoles. Après, il y a les grosses croix, les grosses croix, le sautoir qui fait 1,20 mètre à 1,40 mètre. C’est un long collier et au bout, il y a la montre. Voilà. Et puis après, pour le summum du summum, vraiment la mariée, ou vraiment avec un costume très, très beau, c’est la rivière de diamants (22).
J: Ah, je savais pas que ça se faisait aussi, la rivière de diamants.
MA: Oui, c’est la rivière de diamants sur…
J: D’accord. Ben écoutez, bah, merci les filles pour les explications.
Quelques explications:
1. à l’époque : autrefois.
2. sans trop rentrer dans le… : l’expression, c’est: Sans trop entrer dans les détails.
3. La Camargue: c’est la région autour d’Arles et des Saintes Maries de la Mer, dans le delta du Rhône.
4. Mireille: c’est le nom de l’héroïne d’un poète provençal du 19è siècle, Frédéric Mistral.
5.prendre son ruban: la jeune fille est autorisée à porter cet ornement. Ce n’est plus une enfant. Autrefois, ça voulait dire qu’elle était en âge de se marier.
6. Ce n’est pas une mince affaire : cette expression signifie que c’est compliqué.
7. se gaufrer les cheveux: les sécher avec un fer à gaufrer les cheveux.
8. élastique: ce nom est masculin. Donc il faut dire « un élastique ».
9. Pas très esthétique: pas très joli
10. majeur: très important, essentiel
11. Plus… plus…: Marie-Ange prononce le « s » à la fin, alors que normalement, c’est un « s » muet, qu’on n’entend pas. Mais en Provence, c’est souvent prononcé comme ça.
12. Il faut compter 800€: on utilise souvent cette expression avec « compter » quand on donne un prix, pour montrer que c’est cette somme-là qu’il faudra payer.
13. passer un vêtement: mettre, enfiler un vêtement.
14. Tout dépend le costume: en Provence, on ne met pas la préposition « de », « du » après le verbe dépendre. Ailleurs, on dit: tout dépend du costume.
15. les arènes: c’est là que se déroulent les corridas.
16. une journée campagne: c’est une journée à la campagne.
17. tout ce qui était marchés: c’est-à-dire quand elles allaient au marché.
18. hop: onomatopée qu’on utilise pour accompagner un mouvement rapide, une action soudaine.
19. une dormeuse: c’est une boucle d’oreille avec un diamant ou une perle qui est attachée directement au lobe de l’oreille.
20. une pélerine: une sorte de cape, de manteau.
21. des poissardes: un type de boucles d’oreille qui pendent.
22. une rivière de diamants: un collier de diamants.
TELECHARGER: Arlésiennes d’hier et d’aujourd’hui – France Bienvenue
c’est bien de maintenir les traditions.
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Oui, c’est vrai. Merci à Julie de nous faire partager ça avec son entourage !
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Bravo pour ce magnifique reportage. J’ai réalisé des prises de vues en 2010 et 2011 de la fête des costumes. J’ai beaucoup apprécié : c’est magique.
Je serais heureux de pouvoir adresser des photos papier pour le plaisir, à ces charmantes personnes,mais je n’ai pas de coordonnées. Si vous découvrez mon article, faîtes en part autour de vos amies. Merci d’avance.
Cordialement. Michel
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Juste une précision : une pélerine dans le costume d’Arles, n’est pas une cape ou un manteau, mais un fichu fait de plusieurs rangées de dentelle. Une pelerine blanche peut être portée par des femmes jeunes avec un costume en soie, pour de grandes occasions (mariage, cérémonies…) avec une coiffe en dentelle bien particulière (pas de ruban). Une pélerine noire peut être portée par des femmes plus agées, toujours avec un costume en soie, et un ruban.
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Merci Charlotte ! Je n’avais pas bien demandé ce que c’était à Julie qui avait réalisé cette conversation. Nous savons tout maintenant sur ces costumes magnifiques.
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Une autre précision, dans la tradition camarguaise les arènes sont dédiées à la course à la cocarde (des raseteurs doivent enlever des attributs placés à la base des cornes du taureau), la corrida, c’est une tradition espagnole.
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