Après le bac, pour entrer dans ce qu’on appelle les Grandes Ecoles, il faut d’abord faire une classe préparatoire. Puis à la fin des deux années de prépa, les étudiants passent des concours très sélectifs. Tous ne sont pas reçus puisqu’il n’y a qu’un nombre limité de places. Alors pour mettre toutes les chances de leur côté, ceux qui choisissent cette voie travaillent d’arrache-pied. C’est ce que Mathilde a vécu l’année dernière, avant de décider de changer. Rythme de travail, ambiance, contenu, elle partage avec nous son expérience.
Transcription
M: Mathilde / A: Anne
A: Bonjour Mathilde.
M: Bonjour.
A: Ça va ?
M: Très bien. Et vous ?
A: La vie à l’IUT est agréable ?
M: Ça va, ça se passe bien.
A: En comparaison avec la classe prépa l’an dernier ? Parce que vous avez fait ça l’an dernier.
M: C’est exact. Oui, j »ai fait une prépa école de commerce l’année dernière sur Aix en Provence (1). Ça s’est pas trop mal passé, ça s’est… plutôt bien, même. Les notes étaient pas… pas géniales (2) mais…
A: Ça allait ?
M: … ça tenait la route (3). Et… Mais c’est vrai que le rythme était quand même beaucoup plus soutenu (4) qu’ici.
A: Oui. C’est pour ça que vous avez préféré changer ou… ?
M: C’était surtout par rapport aux matières qui étaient enseignées, qui étaient pour moi trop… trop générales et j’avais envie de me spécifier (5) dans quelque chose d’un peu plus précis, quoi.
A: Ah oui, ici, c’est plus professionnel…
M: Voilà, c’est ça, plus professionnel…
A: Plus concret.
M: Plus professionnalisant et c’est mieux… mieux pour moi de… de pouvoir voir et apprendre des matières un peu plus précises, quoi.
A: Oui, oui, oui. Et alors le rythme en prépa, c’était comment ?
M: Soutenu, il faut pas s’en cacher.
A: C’est-à-dire ? Il y a beaucoup d’heures de cours ?
M: Non, au niveau des heures de cours, c’est pas forcément le plus… plus important qu’en IUT. C’est juste l’intensité et le travail personnel qui est… qui est demandé derrière.
A: Voilà, c’est ça. Il y a quoi ? Beaucoup de lectures, beaucoup de recherche ?
M: Beaucoup de… d’apprentissage de leçons qui… Des leçons qui sont très longues, en Economie, en Histoire. Et après voilà, c’est vrai que le rythme était… Bah c’est-à-dire que on pouvait pas attendre deux jours pour faire le travail, quoi. Il fallait… Il fallait…
A: Tout de suite ! (6)
M: Tout de suite.
A: Sinon, on est débordé (7) et c’est fini.
M: C’est ça. Débordé…
A: On perd pied (8) totalement. Et alors, ça veut dire par exemple travailler le soir tard, travailler le weekend ?
M: Bah je finissais les cours personnellement à 3 heures et j’avais… j’avais des études obligatoires (9) jusqu’à 6 heures.
A: Ah, oui ! On est coincé (10)!
M: Voilà, trois heures de boulot (11) déjà …
A: Oui ? Mais dans un endroit où il y avait vraiment tout ce qu’il fallait pour travailler ?
M: On… on avait une salle spécifique pour nous.
A: Oui. Accès internet ?
M: Internet, voilà, dans le cadre de… de… enfin dans l’établissement où on était. Et après, il y avait des… des colles. Donc ça, ce sont des interrogations orales qui se passent trois fois par semaine, dans…. dans toutes les matières. Et donc c’est vrai que ça demande du… du travail en amont (12), quoi.
A: Oui. C’est un peu stressant, les colles ?
A: Au début, oui. Après on… Après, on s’y fait (13), quoi.
A: Oui, oui. Ils sont comment, les profs ? Ils sont un peu rudes (14) ? Un peu… Non ? Ça va ?
M: Ça dépend les matières et ça dépend les profs (15). C’est vrai que mon prof d’Eco avait le rôle du…
A: Du méchant ?
M: Le rôle du méchant. Et après, les autres, c’est vrai que c’est… Ils sont plus là pour nous aider. En fait, il faut pas croire que la prépa, c’est juste…
A: Oui, oui. C’est pas que pour sélectionner .
M: Voilà. C’est pas que pour sélectionner. Il y a une vie… il y a une vie en… pendant la prépa, il y a une vie après la prépa, bien sûr. Moi, j’en suis… j’en suis témoin. Mais c’est vrai que…
A: Mais par exemple le weekend, vous étiez obligée de travailler…
M: Oui ! Je finissais le vendredi à 3 heures et c’est vrai que, bon, je me permettais, bon, d’avoir le vendredi après-midi de libre, le temps de rentrer chez moi déjà, parce que j’habite sur Avignon. Et sinon, bah sinon après, c’est vrai qu’il fallait travailler, oui. C’était… Ça me changeait du lycée, quoi. C’est vrai que je me suis assez reposée souvent sur mes acquis (16), et là, le…
A: Ça marchait plus.
M: Là, ça marchait plus, oui. Fallait… fallait bosser (17) !
A: D’accord. Et au niveau de l’ambiance avec les copains, copines, tout ça, c’était sympa ou pas ?
M: Bah au début, j’avais des appréhensions (18) parce que je connaissais personne. Je suis arrivée dans une… dans un nouvel établissement (19) sans connaître des gens. Et c’est vrai qu’en fait, bah j’ai rencontré des gens vraiment… vraiment extras, super !
A: [Parce] qu’il fallait se serrer les coudes (20) un peu, peut-être ? Se soutenir ?
M: Ouais, bah en fait il y avait pas du tout… il y a aucune… aucune compétition entre nous, c’était vraiment… on nous disait par rapport (21) aux autres prépas. Et donc…
A: Oui, ça doit dépendre des prépas aussi et puis des…
M: Voilà, c’est vrai que j’étais pas dans une des prépas les plus élitistes qui soit mais…
A: Oui, c’est ça, parce qu’à Paris par exemple, il y a des prépas où c’est un peu…
M: C’est vrai que la province (22)… la province… l’ambiance en province est quand même plus… plus cool que… plus cool que sur les parisiennes (23) mais…
A: D’accord. Et pas de regrets alors ? D’avoir arrêté ?
M: Pour l’ambiance, un peu. Mais…
A: Ah bon. C’est pas pareil ici ?
M: Bah c’est différent. Après, partout… Chaque endroit, c’est différent, quoi. Mais c’est vrai que le… Il y avait vraiment une… une émulation entre nous, et c’est vrai que c’est pas ce que j’ai retrouvé ici. Mais après, voilà. Après pour le… pour l’apprentissage en lui-même, c’est vrai que, bah, ce que je vois ici, je sens que ça va plus… c’est plus concret, ça va plus me servir pour le… pour le futur que en prépa. La prépa, c’est vrai que c’est beaucoup plus théorique, beaucoup plus scolaire.
A: Oui, oui. Le résultat est plus loin, beaucoup plus loin.
M: Beaucoup plus loin, voilà. Et l’incertitude des concours (24) reste… Voilà, j’ai des copains qui vont passer leurs concours dans une semaine et…
A: Oui, le stress doit monter, là.
M: Le stress. La pression est là, voilà.
A: D’accord. Bah merci beaucoup Mathilde. Bonne continuation.
M: Merci.
Des explications:
1. sur Aix = à Aix (C’est normalement la seule préposition possible même si « sur » gagne du terrain.)
2. géniales = excellentes
3. ça tient la route: cette expression signifie que ça marche, que c’est cohérent, que ça a une valeur.
4. un rythme soutenu: c’est quand il y a du beaucoup de travail très régulièrement. Il n’y a pas de temps morts.
5. me spécifier: il vaut mieux dire: me spécialiser.
6. tout de suite = immédiatement
7. être débordé: c’est quand on a trop de travail et qu’on n’arrive pas à tout faire.
8. perdre pied: cette image exprime l’idée qu’on se noie, donc qu’on est perdu et débordé.
9. une étude obligatoire: c’est une période pendant laquelle on doit étudier, travailler, en restant dans son école. On dit qu’on va en étude.
10. coincé: ici, cela signifie qu’on ne peut pas partir et faire autre chose. On ne peut pas s’échapper.
11. le boulot = le travail (familier)
12. en amont = avant, en préparation.
13. on s’y fait = on s’y habitue. (Se faire à quelque chose, c’est s’habituer à quelque chose.)
14. rude = dur. (Rudoyer quelqu’un, c’est le traiter sans gentillesse, sans ménagement)
15. ça dépend les profs: normalement, il faut dire ça dépend des profs. (Le verbe dépendre est suivi de la préposition de.) Mais les jeunes notamment disent beaucoup: ça dépend le / la / les… au lieu de dire: ça dépend du / de la / des…
16. se reposer sur ses acquis: ne pas faire d’efforts pour aller plus loin, pour approfondir, pour apprendre davantage. En rester à ce qu’on a appris avant et qui paraît suffisant.
17. bosser = travailler (familier)
18. une appréhension = une crainte qu’on a avant quelque chose. On utilise aussi le verbe appréhender: J’appréhendais au début.
19. un établissement = une école.
20. se serrer les coudes = se soutenir, s’entraider pour faire face à une situation difficile.
21. par rapport = comparé
22. la province: c’est la France sauf Paris ! Il y a Paris et la province.
23. sur les parisiennes = dans les prépas parisiennes.
24. l’incertitude des concours: comme il y a un nombre limité de places dans ces grandes écoles, on n’est jamais sûr d’y entrer. Il faut être très bon, dans tous les domaines. Il faut être parmi les premiers au classement une fois le concours terminé. (Ce n’est pas juste un examen)
Qu’en pensez-vous ?
– Trouvez-vous ça bien de passer quasiment tout son temps à étudier quand on a une vingtaine d’années ?
– Avez-vous fait vous-même des sacrifices pour aller le plus loin possible dans vos études ?
TELECHARGER: Une année en prépa – France Bienvenue
Vous pouvez écouter d’autres témoignages d’etudiants de prépa sur Je dis, tu dis, il dit.
Mercii beaucoup c’est prestigieux ce que vous faisaient !
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D’abord merci de ce que vous faites.
Maintenant oui, je peux dire qu’il faut étudier et faire des sacrifices mais il y a dix ans (quand il fallait) j’étais d’autre avis !
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Eh oui ! Tout le monde est d’accord sur la théorie. Mais quand il s’agit de passer aux actes, c’est parfois plus difficile ! Il faut de la volonté et de la détermination.
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J’aime vraiment continuer mes etudes en france me je n y parvient toujours pas!.je cherche quelque de bonne volonté.trésor rdc
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