L’étape du Tour 2009

Le Tour de France, tout le monde connaît, qu’on soit cycliste ou pas. Pendant trois semaines en juillet, la France vit au rythme du passage des coureurs professionnels et des différentes étapes. Mais il y en a aussi une qui est réservée aux amateurs passionnés: c’est l’Etape du Tour. Cette année, Michel a grimpé le Ventoux. On l’écoute !

TRANSCRIPTION
M : Michel / A : Anne

A:  Alors Michel, qu’est-ce que tu as fait au mois de juillet, là, il y a quelques… quelques semaines déjà ?
M : Alors, le 20 juillet, j’ai fait, comme chaque année j’ai envie de dire, l’Etape du Tour de France.
A : Pourquoi ? Chaque année, il y a ça aussi ? C’est quoi, l’Etape du Tour de France ?
M : Alors, l’Etape du Tour de France, c’est une étape, essentiellement, souvent de montagne donc, qui est réservée aux amateurs qui le souhaitent et qui s’engagent.
A : Et c’est exactement la même que… que celle que les coureurs font ?
M : C’est exactement la même. C’est une étape qui a été choisie par les… l’organisation bien sûr. Cette année, c’était donc Montélimar – Le Ventoux. C’est une montagne… C’est une étape de montagne et c’est exactement la même.
A : D’accord. Et vous la faites quelques jours avant les professionnels, quoi.
M : Voilà, on la fait souvent lors (1) d’une… lors d’une journée de repos des professionnels.
A : Ah oui ?
M : Comme ça, l’organisation est libre.
A : Oui, parce que finalement… Mais il y a …il y a du… Enfin (2) , ils évacuent la route pour vous… enfin, tout est fermé ?
M:  Oui, on a la route de libre, on a un énorme service, donc, de restauration, de sécurité, etc, etc… puisque on est… on était cette année 9 500 ( neuf mille cinq cents ).
A : D’accord ! Ça fait du monde ! (3) Mais comment ça… Là, vous êtes partis de Montélimar donc ?
M : Voilà. Donc la veille ou l’avant-veille, on va retirer son dossard, parce qu’on a une puce électronique. Il y a une lourde organisation. Et le dimanche matin, vingt, le vingt juillet cette année (4), à sept heures ( 7h00), c’est le point… c’est le départ. On arrive à 6h00 (six heures ) parce qu’il faut longtemps pour organiser le départ. Voilà.
A : Mais c’est ça, comment… comment on décide qui est-ce qui part en premier ? Parce que je pense pas que les 9 500 peuvent partir au même moment quand même !
M : Non. Voilà. Alors l’organisation est la suivante, c’est qu’il y a cinq cents… les 500 premiers à partir sont des gens qui ont été sélectionnés, soit par leurs activités, d’ailleurs du show business, ou des gens connus, on va dire ça comme ça, ou des… des anciens professionnels cyclistes, ou des jeunes performants. Et puis après, les autres donc, les 9 000 autres, c’est par ordre… par tire (5) au sort, un tirage au sort, pardon, et c’est en fonction du dossard qui leur a été attribué. Moi, par exemple, c’était huit mille six-cent neuf ( 8 609 ) et donc j’étais… Je suis parti demi-heure (6) après tout le monde, après les autres, après les premiers.
A : D’accord. Et donc là, il y avait combien de kilomètres en tout (7)?
M  Cette année, il y avait 170 km (cent soixante-dix kilomètres ) . On finissait par le Ventoux, donc il y avait 150 km ( cent cinquante kilomètres ) puis les 20 km (vingt kilomètres ) d’ascension du Ventoux (8).
A : Oui, alors raconte un peu ce Ventoux, parce que…
M : Voilà.
A : C’est quand même l’étape mythique !
M : Oui, c’est l’étape mythique puisque dans l’histoire du Tour de France, l’ascension du col du Ventoux, c’est un des… une des plus difficiles ascensions. Donc en fait, pour tout le monde, même les professionnels vraisemblablement, ça consiste sur les 170 km à faire très attention parce qu’on va finir par les 20 derniers plus difficiles kilomètres, cette ascension, moyenne 9 % ( neuf pour cent )…
A : Il faut arriver en haut !
M : Et donc il faut gérer les 150 kilomètres précédents pour pouvoir faire correctement les autres !
A : Oui, petite mise en jambes ! (9)
M : Voilà ! Voilà !
A : D’accord. Bon et alors, raconte un peu, toi, comment tu l’as ressenti ? Enfin, tu l’avais déjà monté, je crois ?
M : Voilà, je l’avais monté il y a neuf ans, hein donc, en 2000, dans des conditions climatiques très difficiles. Il faisait beau dans la plaine mais la… la montée a été très difficile puisqu’il faisait deux degrés ( 2° ). Cette fois-ci, ce fut (10) une très, très belle Etape du Tour pour des raisons climatiques. Il faisait entre 30 et 35° ( trente et trente-cinq degrés). Donc c’était très agréable, et pas de vent.
A : D’accord. C’était… Oui. C’était chaud…
M : Impeccable ! C’était… c’était chaud bon, mais enfin, on est le 20 juillet. Faut pas s’attendre à autre chose. (11)
A : Oui, oui. Et arrivé tout en haut, il y avait pas de… Parce que en bas, il y a quand même la forêt.
M : Voilà.
A : Tu montes dans la forêt.
M : Oui, on monte dans la forêt puis au Chalet Reynard (12), donc il reste… Les six derniers kilomètres, c’est tout rocailleux et pelé. (13)
A : On dirait la lune.
M : Voilà. Mais il n’y avait pas de vent, parce que très souvent, il y a du vent. Donc c’était très peu venté.
A : Oui, c’est le Ventoux !
M : Voilà. Donc les conditions étaient formidables. Voilà.
A : D’accord. Et alors, tu t’es senti bien tout le temps, ou… ?
M : Alors moi, donc, je m’étais d’abord bien préparé. Je peux y revenir bien sûr. Et donc, j’étais bien dès le départ et en fait, dossard 8000, j’ai fini, on va dire dans les mille premiers. Donc j’ai fait toutes… Les 150 kilomètres, j’ai remonté des places. J’ai dépassé des concurrents. Mais à… En gérant mon énergie et donc mon corps, quoi, hein, pour que, arrivé au pied du Ventoux, j’aie encore les ressources nécessaires pour faire une belle ascension, ce que j’ai fait !
A : D’accord. Bon, c’est un bel exploit quand même !
M : Oui, je suis content personnellement de ma… de mon challenge, on va dire ça comme ça.
A : Et alors, il y en a qui en bavent (13), qui finissent en chaussettes (15)?
M : Ah oui ! Mais on voit tout ! On voit les gens justement qui ne savent pas gérer. Je crois qu’il faut un capital expérience, hé, pour bien gérer ce… cette étape. Ensuite, il y a les gens qui sont pas suffisamment entraînés à la distance, et à cet effort quand même qui est long. Et donc… Et puis il y a ceux qui ne sont pas préparés, bon, qui ont… En cyclisme, hein, il faut avoir un corps… Il faut pas être lourd, enfin etc…
A : Ouais, pour monter.
M : Et donc qui portent quelques kilos de trop.
A : D’accord.
M : Voilà, qui donc bah, s’arrêtent, se couchent, bref… (16)
A : C’est vrai ?
M : Tous les cas de figure. Oui.
A : Oui, il y en a qui doivent être mal quoi, non ?
M : Voilà. Oui puis il y a…
A : Tu as vu des trucs… des malaises ?
M : Non , j’ai pas vu… Enfin j’ai vu des chutes, malheureusement, hein. Mais il faut quand même savoir que bon, bien sûr, il y a le nombre, hein. Donc les chutes, il peut y avoir des… des problèmes de nombre, des chutes liées au nombre. Mais dans le problème des chutes, il y a quand même aussi les chutes liées à la fatigue et au manque de lucidité. Voilà.
A:  Ouais, ouais. C’est sûr.
M : Et donc là, je peux pas dire. Par contre, ce que j’ai vu, c’est des gens… des cyclistes couchés sur le bord de la route.
A : En train de récupérer.
M : Voilà. Voilà.
A : Ouais, ouais. Pas dopés !
M:  Euh non. Le dopage pour moi, ça a été deux bananes à Nyons, c’est-à-dire au kilomètre 80 ( quatre-vingt ) je vais dire à peu près, hein. Et puis au kilomètre 150, donc à Bédouin, juste un peu avant l’ascension, deux autres bananes, avec beaucoup d’eau bien sûr, hein. Voilà. C’est tout.
A : D’accord. C’est tout. Bon et ben écoute, bravo ! Et puis rendez-vous l’an prochain, alors !
M : Rendez-vous l’an prochain.
A : Merci Michel.

Quelques remarques :
Michel a un accent du sud-ouest de la France, différent de celui de Marseille.
1. lors de : style plus soutenu pour dire « pendant ».
2. enfin : à l’oral, ce mot sert souvent à chercher ses mots et à se donner un peu de temps pour préciser sa pensée. On entend souvent juste quelque chose comme « …fin » .
3. Ça fait du monde ! = il y a beaucoup de monde. ( beaucoup de gens )
4. le 20 juillet : en fait, Michel s’est embrouillé dans les jours. L’Etape a eu lieu le lundi, pas le dimanche. Les professionnels, eux, l’ont faite le samedi suivant, juste avant l’étape finale à Paris.
5. par tire au sort : la première fois, Michel n’emploie pas le bon mot et il se corrige juste après. « Tire » est le verbe : on tire au sort.
6. demi-heure après : on dit comme ça dans le sud-ouest. Ailleurs, on dit « une demi-heure après »
7. en tout = au total.
8. Le Ventoux ( ou Mont Ventoux ) : on l’appelle le Géant de Provence. Il a une altitude de 1 910 mètres. On le voit de loin parce qu’il est isolé. Son nom vient du fait qu’il y a souvent beaucoup de vent.
9. une mise en jambes = un échauffement
10. ce fut = ça a été . Michel emploie le passé simple, ce qui est très, très rare à l’oral. C’est comme s’il nous racontait une histoire.
11. faut pas s’attendre à autre chose = Il ne faut pas s’attendre à autre chose = Ce n’est pas surprenant du tout.
12. Le Chalet Reynard : c’est un petit café restaurant isolé. Il sert de repère à tous ceux qui montent le Ventoux.
13. rocailleux et pelé : il n’y a plus que des rochers et des pierres. Il n’y a plus d’arbres, plus de végétation.
14. en baver : c’est de l’argot pour dire que quelque chose est difficile à faire et qu’on souffre. « J’en ai bavé pour monter ce Ventoux. »
15. finir en chaussettes : expression familière pour dire qu’on finit très péniblement.
16. Bref : on dit ça quand on ne veut pas donner tous les détails. Ça signifie qu’on s’arrête dans une énumération mais tout le monde peut imaginer la suite.

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