Valenciennes, complètement au nord de la France. Marseille, complètement au sud. Romain le Marseillais parle des différences qu’il a remarquées pendant l’année qu’il a passée chez les gens du nord.
TRANSCRIPTION
R : Romain / A : Anne
A : Bon, Romain, l’an dernier, tu… tu n’étais plus à Marseille.
R: Bah non, j’ai fait une année d’école à Valenciennes dans le nord de la France. Donc c’est à… à côté de Lille. Et donc j’étais… bah oui, j’étais à…à mille kilomètres ( 1000 km ) de… de Marseille.
A: Oui, et donc cette fois, tu t’étais rapproché de la frontière belge.
R : Voilà, oui. Bah ça m’a permis de… de visiter les pays d’ Europe du nord…
A : Oui ?
R : Donc les Pays Bas…
A : Hm. Tu es allé où, aux Pays Bas ?
R : On est allé à Amsterdam, Rotterdam. Sinon, bah la Belgique, l’Allemagne et puis le… le Royaume Uni.
A : Oui, oui. Eh oui, c’est beaucoup plus près.
R : Bah oui, c’est vrai que on est un peu au coeur de l’Europe et… on a tous les… tous ces pays à proximité, contrairement au sud de la France, où on est quand même plus éloigné de… bah de la Belgique et de…
A : Ah ça, c’est sûr, oui ! On est plus près de l’Italie ou de l’Espagne.
R : C’est sûr.
A : Oui, oui. Hm, hm. Et alors, la vie là-bas ? C’était vraiment différent ?
R : Bah, le climat, c’est pas le même, ça c’est sûr !
A : Oui. Raconte un peu !
R : Bah il pleut, il pleut beaucoup plus. Il… fait gris, il y a du vent.
A : Oui.
R : Bon, c’est… ça change, hein, quand on est habitué au climat méditerranéen ! C’est pas… c’est pas la même chose. Mais bon, on s’y habitue.
A : Oui.
R : C’était pas…
A : C’était pas invivable !
R : Non, c’était pas invivable.
A : Et puis toi, tu es… Tu t’intéresses beaucoup à la météo, donc au moins là, il y avait de l’activité !
R : Oui, ça… Ça changeait, là, ça voilà ! C’était pas toujours ensoleillé comme ici.
A : D’accord. Et tu as eu du… non, je sais pas, il y a… il y a eu du… du très mauvais temps, là, quand tu y étais, toi, tempête ou autre, non ?
R : Non, pas vraiment. Il y a eu, bon, un peu de vent en hiver mais pas… pas plus que ça. (1)
A : Hm. Bon… Et autre chose qui serait différent là-bas ?
R : Bah peut-être sur le… les gens. Enfin les gens sont pas… C’est vrai qu’on… on dit toujours que… que les…les gens du nord sont chaleureux, et je pense que c’est vrai. C’est pas… C’est un peu dur à expliquer mais c’est pas… c’est pas comme dans le sud de la France.
A : Oui ? Tu l’as remarqué… comment, enfin… ?
R : Bah, chez les commerçants par exemple, ou… ou dans la rue par… C’est pas… Les gens sourient peut-être plus.
A : Ah, c’est marrant, ça ! (2)
R : Ils sont plus accueillants…
A : Oui.
R : Voilà.
A : Comme dans le film « Les Ch’tis ». (3)
R : Oui. Non, c’est pas… c’est pas si faux que ça en fait. C’est…
A: Ça reflète bien…
R : Ça reflète bien.
A : La réalité. Ouais mais quand même, ils ont un drôle d’accent (4), hein !
R : Ah oui, c’est sûr que c’est pas… ! C’est pas… c’est pas comme ici ! Mais bon, ils doivent dire la même chose en venant ici.
A : Bah oui.
R : Que les gens de… du sud ont un drôle d’accent !
A : Oui, oui. Mais bon, l’accent du sud, il fait un peu rêver parce que c’est associé au soleil, les vacances et tout, alors que l’accent du nord, bon, ça fait pas rêver de la même façon !
R : Oui. C’est sûr.
A : Oui, oui. Et… Bon c’est pour ça que tu rentrais quand même de temps en temps à Marseille.
R : Bah oui, je rentrais à peu près une fois… une fois par mois. Donc pour les weekends.
A : Oui. Ça faisait court quand même pour les weekends.
R : Bah ça faisait court mais bon, il y avait le TGV donc je partais de Valenciennes à… vers seize heures quarante ( 16h40 ) et j’arrivais à Marseille à dix heures et demie le soir, le vendredi soir.
A : Oui, c’est vrai que c’est rien du tout.
R : Donc ça allait assez vite quand même. Et puis je revenais… je repartais le dimanche à dix-huit heures ( 18h ) et j’arrivais là-bas vers vingt-trois heures trente ( 23h30 ).
A : Oui. Mais en fait, c’était pas direct, Marseille…
R : Non. Fallait (5) … Ou… Ou fallait changer de train à Lille et faire Lille-Marseille en TGV, ou faire Valenciennes-Paris en TGV et après Paris-Marseille en TGV aussi. Donc changer à Paris ou à Lille.
A : Hm, hm. Tu connais toutes les… tous les trajets.
R : Oui. J’avais… J’avais testé les deux parce que des fois, c’était moins cher sur l’un… Donc voilà…
A : Et… T’as pas eu trop de problèmes de… de retard, de choses comme ça ?
R : Bah de temps en temps… Enfin, il y en a eu un une fois où il y avait eu des… un incendie près de la gare de Paris-Nord. Donc mon TGV Valenciennes-Paris avait été très en retard. Du coup, j’avais… enfin j’avais raté mon TGV Paris-Marseille et j’avais dû… enfin j’avais… J’avais dû terminer mon voyage, enfin arrêter mon voyage à Aix-en-Provence et faire la suite… bah en voiture.
A : Oui, oui, oui.
R : Parce que le TGV n’allait pas plus loin. Donc j’étais arrivé avec deux heures et demie de retard.
A : Oui, c’est… très pratique ! Et… Mais une autre fois aussi, tu as été obligé de dormir à Paris, non ?
R : Oui, une fois, j’avais dormi à Paris parce que… donc le TGV Marseille-Paris était en retard et j’avais raté le dernier TGV Paris-Valenciennes. Donc la… la SNCF (6) m’avait payé l’hôtel à Paris.
A : Oui, c’est ça.
R : Et j’avais pris le TGV le lendemain matin.
A : Oui, oui, quand on rate la correspondance à cause d’eux…
R : Voilà, si c’est… si c’est à cause d’eux, ils nous payent (7) le… la nuit d’hébergement.
A : Hm, hm. D’accord. Mais ils remboursent aussi des trucs (8), non, quand même ?
R : Oui, s’il y a plus de trente minutes de retard et que le retard est… est imputable à la SNCF, donc ils remboursent un tiers du billet sous forme de bon de réduction pour un voyage futur.
A : Ah oui, d’accord. Oui. Mais il faut que ce soit eux les responsables.
R : Oui, voilà. Si c’est parce qu’il a trop neigé, là, ils remboursent rien du tout.
A : Oui.
R : Ils sont pas… ils sont pas responsables de la météo.
A : D’accord. Bon. Bah ça peut être intéressant à savoir quand même. Oui, oui. Donc des fois, on regarde sa montre et on se dit « Zut… » (9)
R : Oui, parce que c’est vraiment trente minutes, hein ! Si c’est vingt-huit minutes…
A : Il y a rien. (10)
R : Ils ne le rembourseront pas.
A : Donc à ce moment-là, il y a plus qu’à espérer que le train va traîner encore deux minutes de trop et… Oui, oui. Bon bah écoute… Et pourquoi tu revenais à Marseille alors ?
R : Bah parce que c’est vrai que cette région me manquait quand même…
A : Oui, tu venais prendre le soleil. (11)
R : Oui, voilà, prendre un petit bain de soleil de temps en temps, ça fait pas de mal ! (12)
A : C’est sûr !
Quelques précisions :
1. pas plus que ça = pas de façon très importante, rien d’exceptionnel.
2. C’est marrant, ça ! : on fait ce commentaire quand on est un peu surpris par quelque chose.
3. Les Ch’tis : c’est le titre d’un film qui a eu un gros succès en France et qui se passe dans le nord. Les Ch’tis, c’est le surnom des gens du nord en France.
4. un drôle d’accent = un accent étrange
5. Fallait = il fallait. On laisse souvent tomber « il » à l’oral dans cette expression.
6. La SNCF : la Société Nationale des Chemins de Fer.
7. ils nous payent : on peut dire aussi « ils nous paient »
8. des trucs : des choses. ( familier, oral )
9. Zut ! : exclamation familière – mais pas impolie – quand il se passe quelque chose qui ne nous convient pas, quand on n’est pas content. Par exemple : « Zut, j’ai raté mon train ! »
10. Il y a rien = il n’y a rien. ( Comme dans le reste de la conversation, il manque « ne » dans la plupart des phrases négatives, parce que c’est une conversation familière. Dans d’autres situations, si on fait attention à la façon dont on parle, on n’oublie pas de dire « ne ».
11. prendre le soleil = se mettre au soleil et en profiter.
12. ça fait pas de mal = ça fait du bien.