Des semaines bien remplies

Vous connaissez déjà Jade. Etudiante, elle va en cours toute la semaine. Et le weekend venu, elle n’arrête pas de travailler ! Vous vous souvenez, la fabrication des pizzas n’a plus de secret pour elle. Mais elle aime aussi s’occuper des enfants. Elle a donc trouvé d’autres moyens de gagner de l’argent. Voici ce qu’elle racontait fin mai. Quel dynamisme ! Quelle énergie !


Transcription:
(J: Jade / A: Anne)

A: Alors, Jade, bon, les pizzas, c’est bien mais c’est que (1)
le samedi soir donc..
J: Oui.
A: … pour être très riche…
J: Oui.
A: … vous faites d’autres choses ?
J: Oui. Vaut mieux ! (2)
A: Oui. Alors ?
J: Donc je donne des cours à deux… donc deux enfants qui sont… Donc un est en sixième.
A: Oui. Donc il a onze, douze ans.
J: Oui, voilà. Et donc un autre qui est en cinquième.
A: Oui. C’est de la même famille ou…
J: Non, pas du tout. Donc je leur donne des cours de maths.
A: Oui. Vous aimez les maths ?
J: Pas spécialement !
A: Ah bon ! Beh alors !
J: Mais je m’y suis faite (3). Bah, ce qu’il y a, c’est que des fois, faut que (4) je révise, avant de leur faire le cours parce que je ne me rappelle plus.
A: Oui, les petites choses précises qu’on demande dans ces classes-là.
J: Je ne me rappelle plus donc faut que je révise…
A: D’accord. Mais comment …
J: Faut que je révise plein de choses.
A: Pourquoi on vous a demandé à vous, enfin…?
J: Alors, un des deux, qui est donc la personne qui est en cinquième, c’est parce que je connais ses parents.
A: Oui.
J: Et en fait, ma soeur… Le deuxième, c’est parce que ma soeur travaille dans un salon de coiffure. Et la maman a parlé que (5) elle avait besoin de quelqu’un qui donnerait des cours à son enfant. Donc ma soeur m’a mis (6) en contact avec cette personne et donc du coup…
A: D’accord. Et ça se passe bien alors ?
J: Très, très bien.
A: Et… c’est quoi ? C’est une heure par semaine ?Enfin comment c’est ?
J: Alors, je… Celui qui est en sixième, c’est une heure et demie, parce que c’est déjà énorme.
A: Oui.
J: Pour quelqu’un qui est en sixième, une heure et demie d’affilée (7), sans relâcher…
A: Ouais, c’est long, hein.
J: Donc voilà. Je lui fais faire une heure et demie. Et la petite, ça dépend, parce que vu qu’elle me connaît, on peut mettre plus de temps que une heure et demie. On arrive à deux heures souvent.
A: Ah, oui !
J: Mais c’est plus parce qu’elle me connaît que le temps de travail réel en fait.
A: D’accord. Vous discutez un peu ou…
J: Voilà. C’est un peu plus familier. On n’est pas dans… dans le même contexte, on va dire.
A: D’accord. D’accord, d’accord. Et alors ça, c’est payé combien, les cours particuliers, comme ça ?
J: Pareil. 10 € de l’heure, donc vu que je fais une heure et demie, je gagne 15 € en fait. Par semaine.
A: D’accord. Et vous faites ça toutes les semaines ?
J: Toutes les semaines, ouais. Le vendredi, donc après les cours, j’en… j’en ai un. Et le samedi matin, j’ai l’autre.
A: A quelle heure ? Il faut se lever ?
J: Oui. Bah ça va, à 10 heures.
A: Non, parce que bon, ça fait des semaines chargées, hein !
J: Oui.
A: Oui. Et puis alors, encore un autre boulot (8)?
J: Oui. Et l’autre boulot, donc, pareil, c’est parce que je connais des gens, des personnes qui m’ont…
A: Vous êtes débrouillarde. (9)
A: Oui, voilà. Et donc je garde des enfants dans les mariages. Donc ça commence vers 19 heures. C’est jusqu’à minuit. Et après, si les mariés veulent qu’on reste, on peut rester jusqu’à 5 heures du matin, jusqu’à ce que le mariage finisse. C’est les mariés qui decident quand…
A: Oui, oui. C’est-à-dire les enfants des invités.
J: Oui. On garde les enfants des invités. Donc on les fait manger, on les fait jouer, on les fait dormir.
A: Mais sur le lieu du mariage ? Enfin c’est…
J: Sur le lieu du mariage. Oui, oui.
A: D’accord. C’est une espèce de garderie.
J: C’est ça.
A: Pour que les parents puissent profiter de la fête.
J: Oui, voilà. C’est exactement ça.
A: Ah, d’accord. Et alors, combien il peut y en avoir en même temps ?
J: Alors, ben en fait, au plus il y a d’enfants, au plus (10) on est d’adultes pour les garder, d’animatrices. Donc bah c’est une animatrice pour huit enfants.
A: Ah oui, ça fait (11) quand même, hein ! De tous âges ?
J: Le problème, c’est que normalement, c’est réservé aux trois-douze ans, mais on a souvent des tout petits petits (12). Un an et demi, on a eu.
A: Ouh là, là ! Oui, ça, ça doit être du boulot et de l’attention, hein, parce que…
J: Ouais, beaucoup.
A: Il peut se passer des choses, quoi, hein, pendant…
J: Oui, oui. Bah, on en a une une fois, on a eu le dos tourné une seconde, on avait fermé la porte à clé. Elle a ouvert la porte – elle avait trois ans – et elle est partie.
A: C’est vrai ? Oh là, là !
J: Et il y avait un lac à côté. Donc…
A: Angoisse !
J: … on a eu quelques secondes de peur, ouais.
A: C’est vrai ? Vous vous en êtes apercues vite ?
J: De suite (12). J’ai tourné la tête, je l’ai vue sortir, donc j’ai couru. Mais elle courait, hein ! Elle voulait pas que je l’attrape !
A: Oui, oui. Non, mais c’est ça. Une seconde d’inattention, et il peut y avoir un accident.
J: Oui. C’est… Il faut beaucoup, beaucoup d’attention.
A: C’est une responsabilité, hein !
J: Très grosse responsabilité, ouais !
A: Oh là, là ! C’est pas comme les pizzas !
J: Non ! Pas du tout !
A: D’accord. Bon et c’est sympathique ? Ils sont gentils en général ou c’est difficile ? Ça doit pas être facile non ? Ils sont excités, non ?
J: Oui. Les petits sont très excités. Mais c’est plus les parents, le problème, je dirais ! C’est pas les enfants, parce que les enfants, on va dire qu’ils nous testent. Ils s’adaptent. C’est-à-dire ils s’adaptent. Si ils voient qu’on est sévères, ben ils vont être plus calmes. Si ils voient…
A: Oui, oui, oui. De la liberté…
J: Ils vont tester nos limites. Voilà.
A: Ils vont prendre…
J: Alors que les parents, ils viennent. Alors il y en a qui nous laissent leur enfant, mais toutes les cinq minutes, ils viennent voir ce qui se passe.
A: Ah oui ! Ils ont pas confiance.
J: Voilà. Et le problème, c’est que il y a des enfants qui pleurent parce qu’ils les laissent. Donc si ils viennent les voir toutes les cinq minutes, ça fait que toutes les cinq minutes, l’enfant…
A: Ça recommence !
J: …. re-pleure. Donc ça, c’est très difficile à gérer.
A: Oh oui. Ça doit être pénible.
J: Parce que quand ils commencent à être fatigués, tous, ils se communiquent en fait un peu le…
A: Leur mauvaise humeur, leur…
J: Et là, oui, ça peut devenir très dur.
A: Ah oui, d’accord. Vous avez huit gamins (14) qui pleurent !
J: Ouais, c’est ça, ouais.
A: Il faut une patience !
J: Ouais, ouais.
A: D’accord. Mais vous les faites dormir un peu ?
J: On essaye en fait, parce que c’est une stratégie, dirons-nous.
A: Non, parce que les petits, quand même, ça fait tard pour eux après.
J: Ouais. Mais de toute façon, c’est mieux en fait parce que…
A: Bah oui !
J: … au moins, ils ronchonnent (15) pas. Et les parents restent. Et nous, au plus on reste, au plus on est payées !
A: Ah oui !
J: Donc il y a une histoire aussi de… d’argent derrière ! Il faut pas qu’ils partent en fait ! Notre but, c’est qu’il faut pas qu’ils partent. Donc pour ça, faut qu’ils dorment. Parce qu’à partir du moment où ils pleurent, à une certaine heure, tout ça, les parents, ils disent: « Bon bah, on y va. »
A: On rentre à la maison.
J: Voilà. Ils vont pas…
A: Alors que si tout est bien calme, ils vont continuer à profiter.
J: Voilà, mais ma responsable, elle mène beaucoup d’activités. Donc au départ, voilà, on fait des jeux. Même si ça les excite, c’est pas grave parce que c’est en début de soirée. Mais fin de soirée (16), on leur lit des histoires.
A: Oui. On calme tout le monde.
J: Voilà. On calme tout le monde. Il y a des salles (17) où maintenant on est en partenariat avec eux. Donc ils nous laissent carrément des pièces pour nous, avec des matelas, des choses comme ça. Donc…
A: Ah ouais. Vous êtes bien installés.
J: Très bien installés selon les salles où…
A: Donc ça aide quand même à bien gérer tout ça.
J: Oui. Mais c’est quand même très agréable parce que c’est un lieu festif où on… Donc…
A: Et alors, ça arrive souvent ? Enfin, parce que il y a des saisons, non, aussi, dans les mariages, non ?
J: Oui, l’été, ouais. Alors l’hiver par contre, on fait la promotion, c’est-à-dire qu’on fait tout… On a des… Comment on appelle ça ? Des salons du mariage. Et donc…
A: Oui, ah ouais ! C’est carrément professionnel !
J: … dans les salons du mariage, donc on a un stand où on présente donc ce qu’on fait tout le reste de l’année, pendant les mariages. Donc…
A: D’accord. Vous cherchez une clientèle et tout, et…
J: Voilà, c’est ça.
A: Ah oui non, c’est très professionnel tout ça ! C’est pas du boulot d’amateur ! C’est marrant.
J: Donc on fait ça. Mais voilà, c’est souvent l’été, les mariages.
A: Oui, oui, oui. Au printemps, là, il y en a beaucoup.
J: On est quand même entre dix et douze animatrices et on tourne donc, pour que ce soit équitable, pour que tout le monde ait fait à peu près le même nombre de mariages. Donc moi, j’en ai quand même deux en juin, un en août et peut-être un en juillet. Donc j’en ai quand même cinq, (18) sachant qu’on est douze à tourner. Donc ça veut dire qu’on a beaucoup de monde quand même.
A: Ah oui, oui oui. Bon, bah c’est rigolo (19), ça, alors !
J: Puis le bouche à oreille (20) marche très bien aussi. Parce que quand une personne est satisfaite, si l’année d’après, parce que en général, les personnes ont une vingtaine d’années, trente ans, c’est là où tout le monde se marie, les copains, les copines. Et donc du coup: « Oh, c’était super ! » Hop, et du coup… Et par contre, il y a des gens qui redemandent les mêmes personnes aussi. Donc ça, c’est gratifiant pour nous, quoi.
A: Bah oui, oui. C’est bien, hein !
J: Donc du coup, on est satisfaits. On a dit: Bon, on a bien travaillé, quoi.
A: Oui, oui, oui. On est… Le travail est reconnu.
A: D’accord. Bah c’est bien. Alors bons mariages en juin et en août !
J: Oui, merci.
A: Et puis, bah, continuez bien. Merci beaucoup.
J: Merci.

Quelques explications:
1. c’est que le samedi soir: normalement, on doit dire: Ce n’est que le samedi soir. (style oral et familier)
2. Vaut mieux: normalement, on doit dire: Il vaut mieux. (style oral et familier)
3. se faire à quelque chose: s’habituer à quelque chose.
4. Faut que… = Il faut que… (style oral et familier)
5. la maman a parlé que… : ce n’est pas correct. Il faut dire « Elle a dit que… » Mais dans la tête de Jade, il y a sûrement deux phrases qui se téléscopent: « Elle a dit que… » Et « Elle a parlé à ma soeur. »
6. elle m’a mis en contact…: Il faut dire « Elle m’a mise en contact« , en accordant « mis » au féminin car Jade est du sexe féminin. Un garçon dira: « Elle m’a mis… » Et tout ça, c’est parce que le complément (COD) est placé avant le verbe: me. On dit donc: « Elle a mis Jade en contact… » (COD = Jade, placé après, donc il n’y a pas d’accord) Mais on dit : « Elle l’a mise en contact… » (COD = l’, placé avant, donc on accorde au féminin.)
7. d’affilée: de suite.
8. un boulot : un travail (familier)
9. débrouillard: qui sait se débrouiller, trouver des solutions. C’est quelqu’un d’autonome (plutôt familier)
10. au plus… au plus: normalement, on dit juste: Plus il y a d’enfants, plus on est d’adultes. C’est une façon de dire typiquement marseillaise !
11. ça fait = ça fait beaucoup. (familier)
12. un tout petit petit: cette répétition montre que c’est vraiment un tout petit enfant. (familier)
13. de suite = tout de suite / immédiatement
14. un gamin: un enfant (familier)
15. ronchonner: se plaindre (familier), être de mauvaise humeur et le montrer.
16. fin de soirée = en fin de soirée
17. des salles: ce sont des grandes salles que les gens louent pour des occasions comme les mariages.
18. Jade parle de 5 mariages au total, alors qu’elle n’en a mentionné que 4.
19. rigolo: marrant, amusant (familier)
20. le bouche à oreille: c’est quand la publicité pour quelque chose est faite par les gens qui recommandent ça  à leurs amis, leurs collègues, qui eux-mêmes le recommandent à d’autres amis, et ainsi de suite.

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