Lauranne continue à partager avec nous sa passion pour la natation synchronisée. Voici donc la fin de cette conversation (enregistrée un peu avant les Jeux Olympiques) où il est bien sûr question d’entraînement, de qualités physiques et sportives. Mais cela ne suffit pas pour réussir dans cette discipline. Alors, Lauranne nous parle aussi d’esprit d’équipe, d’amitié et de créativité. C’est tout cela qui la pousse à se mettre à l’eau encore et encore !
Transcription
L: Lauranne / A: Anne
A: Et le côté équipe, non ? D’être vraiment ensemble…
L: Oui, ouais.
A: … parce que ça s’appelle synchronisée, donc moi, c’est ça qui m’épate (1) à chaque fois.
L: Oui, oui, oui. Si, l’esprit d’équipe, oui. Ça, c’est vrai que ça, c’est… c’est très fort. Par exemple… Quel exemple je pourrais donner ?
A: Tu es avec des copines que tu connais depuis…
L: Depuis…
A: Toujours ?
L: Toujours, oui. Bon, souvent, l’équipe, elle est un peu disloquée parce que il y a les études et puis il y en a qui arrêtent. Mais nous, on est un socle de quatre filles, on se connaît depuis le début et c’est vrai que… Même… Même si on devait arrêter, on pourrait pas parce qu’on est amies, et on pourrait pas arrêter.
A: Et vous vous connaissez bien dans l’eau, tout ça…
L: Dans l’eau, bah oui, oui, oui.
A: Vous savez comment…
L: Oui. Donc un exemple d’esprit d’équipe: bah par exemple, souvent, on apprend de nouvelles figures, et il y en a qui ont plus de…
A: De mal, ou… ?
L: Oui, voilà. Qui ont plus de mal (2) ou plus d’aisance.(3)
A: Oui ?
L: Et donc, ceux… celle qui a le plus d’aisance, eh bah elle va apprendre à l’autre, par exemple va expliquer vraiment dans l’eau comment faire parce que l’entraîneur qui est au bord de la piscine, il peut pas venir et tenir la jambe…
A: Ah, d’accord !
L: … et montrer comment se mettre les mains.
A: Oui, oui. Lui, il dit: « Il faut faire ça. »
L: Voilà, « il faut faire ça, tu vois ».
A: Et après, comment on fait ?
L: Bah nous, dans l’eau, on fait (4): « Je comprends pas ! » Donc nous, on vient, on lui place les mains, on lui met bien la jambe pour qu’elle comprenne et voilà.
A: D’accord.
L: Ensuite, dans un ballet… enfin, pendant le ballet, imaginons quelqu’un est perdu parce qu’il a plus les comptes de la musique, …
A: Eh oui, c’est ça.
L: … on va compter très fort pour dire: « Un, deux, trois, quatre » et là, elle peut reprendre et…
A: Ah oui ! Oui, parce que c’est ça, je me demandais… Alors, qu’est-ce… Bon, il y a la musique.
L: Oui.
A: Mais vous entendez la musique ?
L: Oui. Bah là, c’est un…
A: Dans l’eau, il y a quelque chose qui…
L: C’est un truc… Mince (5) ! Comment ça s’appelle ?
A: … qui amplifie.
L: Oui, c’est un… Enfin, c’est un truc (6) de musique, là.
A: Oui, oui, oui, d’accord.
L: Je sais pas comment ça s’appelle.
A: Donc tu comptes, comme une danseuse.
L: Oui, on compte.
A: Sans arrêt, et tout ça. Ah ouais, d’accord ! Non, parce qu’on le voit pas, tout ça.
L: Non, ça, c’est vrai !
A: On voit quoi ? Un grand sourire ? Il faut sourire, et tout.
L: Ah oui, et parfois, le sourire un peu crispé, mais…
A: Et alors, je sais pas, tu dis, bon, au niveau physique, tout ça… Il faut des jambes, non ? C’est… C’est quoi ? Qu’est-ce que c’est qui est le plus…
L: Le plus… ? Qui travaille le plus ?
A: Oui.
L: Bah souvent, on dit que la natation… la natation tout court (7), on dit que c’est le sport le plus… qui fait travailler tous les muscles. Donc là, je dirais que c’est la même chose, hein. Parce qu’on fait travailler autant les bras que les cuisses.
A: Ouais, d’accord. Et il y a le problème, je sais pas, cette… enfin, l’apnée (8), quoi, il y a des moments où vous êtes longtemps, non… ?
L: Oui. Oui. Bah ça, c’est… c’est à l’entraînement, on fait des longueurs (9) d’apnée.
A: D’accord. parce que bon, il y a des nages, on voit bien le ryhtme, c’est un rythme régulier, on sait quand ils respirent et tout. Mais là, il y a des moments, on a l’impression que, bon… C’est long !
L: Bah oui, ça, c’est vraiment en fonction de l’entraînement. Ça, c’est… c’est quelque chose qu’on travaille beaucoup.
A: Et alors là, bon, tu vas changer de… Enfin, tu… tu entres dans les études supérieures (10), tout ça. Tu vas avoir le temps ?
L: Je pense. Enfin, je vais me donner le temps.
A: Tu veux te donner le temps, ouais.
L: Parce que…
A: C’est trop une passion.
L: C’est une passion et puis aussi, ça permet de se vider et de penser à autre chose. Et puis de se donner à fond (11) dans quelque chose.
A: Oui, oui.
L: Donc je pense que c’est indispensable.
A: Quelque chose qui est beau et puis en même temps, qui te… t’apporte le bien-être physique et tout.
L: Et puis aussi, on a parfois l’occasion de créer ses propres ballets, donc de tout organiser.
A: C’est vrai ?
L: Et ça, c’est aussi super sympa (12).
A: Oui, c’est très créatif.
L: Oui. Donc ça, on le fait entre amies souvent. Et c’est… Bah c’est bien ! On se donne… allez (13), deux, trois mois pour créer quelque chose, on fait les maillots de bain…
A: Ah ouais !
L: … on choisit la musique.
A: C’est vrai ?
L: On fait tout. Là, c’est pas l’entraîneur, on se débrouille (14). Et souvent, ça donne quelque chose… bah, de bien !
A: Oui et puis de très personnel. C’est vous.
L: Très personnel, oui. Et donc ça, c’est…
A: Ah ouais, c’est sympa, ça !
L: Et alors là, les Jeux Olympiques, tu vas suivre… ?
L: Oui, oui, je vais suivre parce que avant, je pouvais pas parce qu’on était en vacances, et là, comme je suis là, je vais pouvoir suivre.
A: Et alors les filles Françaises, elles ont des chances, là ? Attends, moi je connaissais… Comment elle s’appelait ?
L: Il y a Virginie Dedieu.
A: Voilà. Moi, c’est la seule que je connais.
L: Bah oui, c’est la plus connue. C’est celle qui a gagné deux ou trois médailles d’or… en solo, par contre.
A: Ouais, c’est ça.
L: Donc c’est pas… enfin, pour moi, c’est pas exactement de la natation synchronisée.
A: Bah oui. C’est du… du ballet aquatique ?
L: Oui, voilà.
A: Je sais pas comment on peut dire.
L: Donc bah là, je crois qu’elle fait pas les JO.
A: Il y a une bonne équipe française ?
L: Pas terrible (15) !
A: Bon ! Alors, qui est-ce que tu vas suivre ? Qui est-ce qui… C’est qui les… ?
L: Les Russes sont vraiment très fortes.
A: Ah !
L: Les Chinoises, elles ont une super bonne (16) technique mais le sens art[…]… chorégraphique et artistique est moyen.
A: Alors que les Russes, c’est magnifique ?
L: Alors que les Russes, c’est magnifique !
A: C’est quand ? Parce que je vais essayer de suivre aussi. Maintenant que je connais une nageuse…
L: C’est… C’est la deuxième semaine d’août.
A: Deuxième semaine d’août ? Bon bah écoute, on regardera ça.
L: Voilà.
A: Et puis, bah continue bien !
L: Merci.
A: Nage bien ! Et puis à bientôt.
L: Oui.
Des explications:
1. ça m’épate: cela me rend admiratif / admirative. Epater quelqu’un, c’est l’impressionner et susciter son admiration.
2. avoir du mal: avoir des difficultés.
3. avoir de l’aisance: faire les choses avec facilité.
4. on fait: ici, cela signifie: on dit. On l’emploie souvent à l’oral quand on raconte quelque chose, en rapportant des paroles. Par exemple: Je lui demande ce qu’il veut. Et lui, il (me) fait: « Rien, c’est juste comme ça ». (style familier)
5. Mince!: exclamation. Ici, Lauranne ne trouve pas le mot qu’elle cherche et ça l’agace un peu. On peut dire de façon équivalente: Zut. (Si on dit: Merde / Putain, c’est un autre niveau de langue, pas poli. Donc à éviter selon les situations.)
6. un truc: on voit bien ici à quoi sert ce mot en général, c’est-à-dire à remplacer le nom précis de quelque chose. C’est familier et oral.
7. la natation tout court: juste la natation, pas la natation synchronisée.
8. l’apnée: c’est le fait de retenir sa respiration. On dit qu’on est en apnée.
9. faire des longueurs: c’est nager dans une piscine, d’un bout à l’autre, pour s’entraîner.
10. les études supérieures: c’est après le bac, soit à l’université, soit dans une classe prépa, soit dans une école (de commerce, d’ingénieurs, etc…)
11. se donner à fond: ne pas faire quelque chose superficiellement. Donner toute son énergie et passer beaucoup de temps à une activité particulière.
12. super sympa: très agréable (familier)
13. allez: ici, ce n’est pas le sens ordinaire du verbe « aller ». On s’en sert souvent quand on réfléchit en même temps à un nombre, une quantité. Par exemple: Ils étaient… allez, une centaine.
14. on se débrouille: on ne reçoit pas d’aide, on trouve comment faire tout seul.
15. pas terrible: pas excellent(e), pas génial(e). C’est une manière de dire (de manière un peu adoucie) que quelque chose n’est pas très bien, pas très réussi. C’est un des sens de cet adjectif qui prend des significations différentes selon le contexte.
16. super bonne: très bonne. (familier et oral)
Et vous ?
– Est-ce que votre préférence va vers les sports d’équipe ou les sports individuels ?
– Et au travail ou dans vos études, préférez-vous travailler en équipe ? Ou êtes-vous plus à l’aise quand les tâches sont plus individuelles ?
TELECHARGER: Comme un poisson dans l’eau (2) – France Bienvenue