En discutant un jour avec Wafa, nous nous étions dit que ce serait intéressant de lui poser plus tard quelques questions et de l’enregistrer. Tout ça parce que au hasard de la conversation, elle avait dit qu’elle n’était pas sur Facebook, ce qui paraît assez rare dans sa tranche d’âge ! (Elle a dix-neuf ans) Elle nous a expliqué pourquoi.
Transcription :
W: Wafa / A: Anne
A : Quand on a votre âge, souvent, on a tout ce qu’il faut pour communiquer, par internet et autre…
W : Les réseaux sociaux.
A : Et on a Facebook.
W : Oui, voilà.
A : Alors, où est-ce que vous en êtes, vous, avec Facebook ?
W : Alors avec Facebook, bah à un moment, je l’avais. Bah je… Enfin, j’avais un compte dessus, mais maintenant, je l’ai supprimé, ça fait à peu près deux, trois ans. (1)
A : Ah oui ! Vous l’avez eu à quel âge alors ? Vous avez commencé tôt.
W : Vers quatrième, troisième (2)… enfin, quelque chose comme ça (3).
A : Oui, donc vous aviez quoi, treize – quatorze ans, un truc comme ça ?(3)
W : Quinze ans.
A : Quinze ans ?
W : Oui, quinze ans.
A : Ah oui, d’accord.
W : Et… Bon, il me servait pour parler avec des amis, tout ça (4), enfin… c’était le début de Facebook et on était tous…. à la mode, quoi. C’était Facebook et tout le monde devait avoir Facebook, sinon, on n’était pas trop à la mode.
A : Oui. Exactement. Vous aviez combien d’amis ?
W : Bah j’avais pas énormément d’amis, que (5) ceux que je connaissais. Et aussi, je mettais qu’une photo de profil (6). Je postais pas de photos de ma vie de tous les jours et tout ça.
A : Ah oui !
W : C’est pas… C’est pas un site où on peut exposer sa vie privée, surtout que (7) tout le monde peut accéder à nos profils, et du coup, je… je postais pas trop de choses, juste peut-être des… quelques phrases ou parler avec des amis ou quoi (8). Mais sinon, je… je m’attardais pas dessus. (9)
A : C’était juste pour communiquer, comme ça.
W : Oui, voilà.
A : Pour ne pas être en dehors de… du cercle.
W : Du cercle Facebook. Oui, voilà.
A : D’accord.
W : Mais quand je suis rentrée au lycée, je l’avais la première année, en seconde. Et ensuite, à partir de la première, j’ai préféré le supprimer parce que je l’utilisais rarement, vraiment rarement. Les amis que je voyais tous les jours, enfin, je leur parlais tous les jours, donc j’avais pas besoin de ça.
A : Oui, en direct.
W : Oui, voilà, en direct, ou par messages. Il y avait le téléphone aussi.
A : Oui, c’est ça, avec le téléphone, en fait, ça vous servait davantage.
W : Oui, voilà. C’est mieux, à toute heure, on peut parler, pas besoin d’internet ou… Et du coup, franchement, Facebook, ça me servait plus du tout, du tout. Du coup, je me suis dit : Autant le supprimer. Pourquoi laisser mon profil comme ça ? Enfin… Oui, voilà.
A : Et vos camarades, qu’est-ce qu’elles vous ont dit, ou qu’est-ce qu’ils vous ont dit quand vous avez supprimé ? Ils vous ont fait des reproches ?
W : Non, au début, il y en a qui étaient pour, il y en a qui étaient contre, par rapport à mes idées comme quoi (10) c’était pas bon pour exposer sa vie privée. Mais il y en a qui, deux jours après, eux aussi, ils ont supprimé leur compte… enfin…
A : Ah ! Vous avez fait des adeptes ! (11)
W : Oui, je leur ai…enfin…
A : Ils ont réfléchi aussi.
W : Oui, voilà, ils ont réfléchi , ils se sont dit : Oui, c’est vrai que c’est pas très approprié pour… Il y a aucun… enfin, il y a aucun intérêt, ni professionnel, ni… enfin voilà.
A : Oui… D’accord !
W : C’est plutôt pour s’amuser, ou… Donc voilà.
A : Oui, c’est ça, c’est peut-être… oui… une perte de temps aussi ?
W : Oui, voilà, je me suis dit ça aussi. C’est vraiment une perte de temps.
A : On passe trop de temps dessus.
W : C’est ça aussi.
A : Quand vous l’aviez, au départ, tout ça, vous passiez beaucoup de temps ?
W : Oui. Je passais beaucoup de temps dessus. Je surfais sur les pages et tout ça , et surtout, je parlais avec eux. Surtout en été, comme la plupart du temps, en été, on dort très tard, et tout ça, donc je passais beaucoup de temps dessus, et je m’en suis rendu compte que je passais plus de temps dessus que dehors, alors qu’il faisait beau, chaud et tout ça. J’ai dit: Non, c’est pas possible !
A : La vraie vie !
W : Oui, voilà, franchement, quand on sort dehors, on prend l’air et tout ça, ça n’a rien à voir devant un ordinateur où on est…
A : Oui, c’est ça. Puis comme vous dites, si finalement, vous étiez en contact de toute façon avec vos vrais amis, facilement.
W : Oui, voilà. Je préfère qu’on aille dehors, prendre un verre ou quoi, que de passer la journée à se parler.
A : D’accord ! Eh bah, merci pour tous ces renseignements.
W : Il y a pas de souci (12). De rien.
A : Et puis, bah, bon après-midi !
W : Merci !
Des explications
1. ça fait deux ou trois ans = il y a deux ou trois ans. Normalement, on utilise cette structure pour commencer sa phrase : ça fait 2 ou 3 ans que j’ai supprimé mon compte. Mais à l’oral, tout est plus souple !
2. Quatrième, troisième : Wafa veut parler des classes de quatrième et troisième, au collège. ( La troisième année s’appelle la quatrième et la quatrième année s’appelle la troisième !)
3. Quelque chose comme ça / un truc comme ça : on utilise cette expression familière pour parler de quelque chose de façon approximative. La seconde formulation, avec le mot « truc », est encore plus familière que la première.
4. Tout ça : expression orale et familière, qu’on dit sans réfléchir. C’est un tic de langage.
5. Que ceux… = seulement ceux
6. la photo de profil = la photo qu’on met sur son profil sur les réseaux sociaux.
7. Surtout que : d’autant plus que… (familier)
8. ou quoi : c’est une façon familière et orale uniquement de suggérer qu’il y a d’autres exemples mais qu’on ne va pas donner davantage de détails.
9. Ne pas s’attarder sur quelque chose : ne pas y passer beaucoup de temps.
10. Mes idées comme quoi… : mes idées selon lesquelles… (familier)
11. faire des adeptes : donner envie à d’autres de faire la même chose.
12. Il y a pas de souci : c’est une autre façon de dire « Il n’y a pas de quoi », pour indiquer que ce n’était pas un problème de faire ce pour quoi on est remercié.
Votre site m’aide beaucoup alors que j’apprends cette belle langue! Il est très utile pour moi. Ça fait plus d’un an que j’apprends le français et votre site me permet d’entrer en contact avec la langue parlée tous les jours par les français. Parfois c’est incroyable pour moi que j’aie amélioré mon français si incroyablement et en seulement 4 mois (j’avais arrêté de l’apprendre parce que je n’avais pas le temps pour l’étudier plus, mais au mois d’août j’ai commencé a le pratiquer tous les jours pendant deux heures). Ma langue maternelle, le Portugais, m’aide beaucoup avec le français aussi parce qu’elles sont très similaires!
Merci et salutations de São Paulo, Brésil!
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Bonjour Marcos, merci pour votre message. C’est vraiment bien de savoir que ce site vous aide comme ça ! La nouvelle équipe d’étudiantes va bientôt commencer à publier son travail.
Oui, il y a des ressemblances entre le portugais et le français. Je l’ai entendu un peu dans le dernier film brésilien que j’ai vu tout récemment : Aquarius. Un beau film! J’ai trouvé la langue portugaise du Brésil très harmonieuse. J’avais beaucoup aimé aussi Une seconde mère. (Je ne sais pas quel est le titre en portugais!)
A bientôt
Anne
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