En plus de leurs études à l’IUT et de leur implication dans le projet France Bienvenue, Aurélie et Loïc ont quelque chose en commun: le karaté. En effet, ce sport n’est pas seulement réservé aux garçons. Beaucoup de filles le pratiquent. Bien sûr, cet art martial évoque le combat, la défense, l’attaque. Mais pas seulement. Pour Loïc, en tout cas, le karaté représente bien plus. Voici donc une conversation sur ce sport, mais aussi tout simplement sur comment trouver l’équilibre dans la vie.
Transcription:
A : Anne / Au : Aurélie / L: Loïc
A : Alors, bonjour Loïc.
L : Bonjour.
A : Bonjour Aurélie.
Au : Bonjour.
A : Et… bah aujourd’hui… En fait, j’ai… j’ai appris que vous aviez un point commun, en fait.
L : C’est ça.
A : Alors, c’est quoi ? (1)
Au : En fait, notre point commun, c’est qu’on a fait du karaté.
A : Oui.
Au : Moi, j’ai arrêté depuis… à l’âge de 12 ans et… alors que Loïc continue.
L : Et moi, j’ai commencé en fait à l’âge de 12 ans à faire du karaté.
A : D’accord. Donc quand elle a arrêté, vous avez commencé.
L: C’est ça !
A: Aucun rapport ! Mais… d’accord. Et donc Aurélie, vous avez fait du karaté. Moi, dans ma tête, bon les filles, c’est pas trop le sport vers lequel elles se tournent. J’aurais dit la danse, tout ça… mais le karaté… Alors ?
Au : En fait, c’est mon père qui m’a poussée à faire du karaté, vu que (2) il est ceinture noire (3) de karaté. Donc du coup… il…
A : Ah ! Lui, il en fait.
Au : Voilà. Il m’a… m’a lancée…
A : Il a trouvé que c’était bien pour sa petite fille.
Au : Voila, que je sache (4) me défendre.
A : Oui.
Au : Mais… mais c’est vrai qu’il y avait… Enfin, on était plusieurs filles à faire du karaté. Il y avait une majorité de garçons. Mais je crois qu’on était à peu près cinq enfin… sept – huit filles sur trente gars… sur trente garçons.
A : Ah oui quand même, il y avait une grosse majorité de garçons. Et vous, Loïc, c’est pareil, y a plutôt des garçons ou…?
L : Non, moi, c’est… c’est pareil. En fait, il y a… je crois qu’on est à peu près trente licenciés (5). Il y en a 15 filles et 15 garçons. (6)
A : Ah, là, c’est moitié moitié.
L : Oui, il y a une bonne parité (7) en fait.
A : D’accord, et alors qu’est-ce qui fait que , bon, Aurélie elle nous dit : « c’est mon père qui m’a mise au karaté » et tout. Mais vous, bon à 12 ans… c’est peut être un peu plus votre choix… Parce que Aurélie, vous avez commencé à quel âge ?
Au : J’ai commencé à 8 ans.
A : D’accord, donc c’est souvent les parents qui choisissent à ce moment-là. A 12 ans, on est un peu plus…
L : Oui, voilà, justement, en fait, à 8 ans, il y a mon père qui voulait que je fasse du karaté ou un sport de combat.
A : Oui.
L : Donc moi, je voulais pas. J’étais pas (8)…pas attiré. Et finalement, en fait, à 12 ans, il y a un ami qui…
A : Ah !
L : … qui est venu me voir et on a dit « Bon il faut qu’on fasse quelque chose le vendredi après-midi », parce qu’on n’avait pas cours et on a dit: « Bon, bah on va s’inscrire au karaté ! »
A : Ah bon, d’accord !
L : Et du coup, c’est parti de là.
A : Ah ! C’est comme ça que c’est… ça a commencé.
L : C’était en quatrième (9). Depuis, là, on continue.
A : D’accord, vous avez toujours continué.
L : Oui, oui, depuis la 4ème, je continue à faire du karaté, justement avec cet ami en plus donc…
A : Oui oui oui, d’accord, donc c’est le moyen de le retrouver parce que vous êtes peut-être plus (10) ensemble…
L : Oui, c’est ça, il étudie autre part et du coup là, bah le vendredi on se retrouve au karaté.
A : D’accord. Donc vous en faites le vendredi, et puis ?
L : Et le samedi matin aussi.
A : C’est des séances de combien de temps ?
L : Alors, le vendredi, c’est deux heures et le samedi matin, c’est une heure et demie.
A : Oui.
L : Mais c’est réservé en fait aux ceintures marrons, donc aux ceintures avancées.
A : Parce que vous, vous êtes quoi ?
L : Je suis ceinture marron et cette année je devrais passer à la ceinture noire justement.
A : Ah d’accord….d’accord. Et Aurélie alors, vous en étiez arrivée où ?
Au : Je me suis arrêtée à la ceinture orange rayée, donc c’est… c’est au milieu de… des grades en fait.
A : D’accord.
Au : C’est ça, hein ?
L : Oui, c’est ça.
A : Oui. Et alors, pourquoi vous avez arrêté, Aurélie ?
Au : Bah parce qu’en fait, le mercredi matin, je faisais deux heures de sport (11) et l’après midi, j’avais une heure et demie de karaté. Donc du coup, ça faisait trop dans la même journée. Et puis à la fin, ça m’énervait (12), donc…
A : C’est vrai ? Ça vous plaisait pas tant que ça ?
Au : Non, au début, j’aimais mais à la fin, non. Donc du coup, ça fait que (13) j’ai arrêté au début de l’année de… de la classe de cinquième.
A : D’accord. Et ça vous a apporté quoi, alors, comme… ? Parce que vous en avez fait un petit moment (14) quand même !
Au : Oui, j’en ai fait pendant 5 ans.
A : Qu’est-ce que ça… Qu’est-ce que ça apprend ? Qu’est-ce que ça apporte ?
Au : Les techniques pour se défendre mais…
A : C’est ça ? C’est pour se défendre ?
Au : Oui, voilà, pour se défendre. Mais après, ce que ça m’a apporté…
A : Vous vous en êtes servie déjà dans la… dans la « vraie vie » ?
Au : Non. Non, non et j’espère que j’aurai pas à (15) m’en servir !
A : Mais ça vous rassure de savoir que vous pouvez éventuellement (16) vous défendre ?
Au : Un peu oui… un peu mais… un peu, mais bon, si on m’attaque, je pourrai pas… enfin, j’ai perdu les méca[nismes]…enfin comment on faisait.
A : Oui, oui, les habitudes, tout ça, les gestes. Et vous Loïc, alors ?
L : Moi, ça m’apporte vraiment quelque chose parce que c’est… donc c’est un karaté qui est basé en fait sur l’esquive (17) et en fait, ça… Il y a une maîtrise en soi qui vient en faisant du karaté au fur et à mesure… au fur et à mesure des années.
A : Ah ! C’est ça, la maîtrise de soi.
L : Oui. Ça fait sept ans et donc là je ressens quand même quelque chose quand je vais au karaté, c’est pas que pour frapper sur une cible en fait, il y a….
A : Oui oui oui, alors que c’est un peu l’image qu’on a.
L : Oui, voilà. Et là, c’est… c’est vraiment… parce qu’en fait donc, c’est du Nanbudo (18) et c’est basé sur l’esprit, la force intérieure en fait.
A : Oui.
L : Et donc mon prof, mon maître me… essaie de nous faire travailler justement, de nous faire ressentir autre chose que de frapper bêtement (19) sur une cible en fait.
A : D’accord.
L : Donc voilà.
A : D’accord.
L : Donc oui, ça… ça apporte beaucoup. Et puis en plus, donc maintenant, comme ça m’a vraiment plu, c’est vraiment une passion, j’ai fait venir peu à peu donc mon frère, puis après ma mère, puis ma copine du coup.
A : Ah bon ? Toute la famille ?
L : Voilà… Du coup, on se retrouve en famille là-bas
A : Ah oui d’accord. Même votre mère ?
L : Il y a ma mère, oui.
A : Vous avez emmené votre mère, elle vous suit partout alors !
L : C’est ça, mais c’est très sympa, puis c’est très convivial (20) du coup puisque… comme c’est un petit village en fait, on se connaît tous, donc c’est… c’est sympa.
A : Oui oui, c’est une bonne occasion de faire quelque chose ensemble. Ah oui, c’est sympa, ça ! Et vous avez eu à vous servir, vous… je sais pas… de… de… de choses que vous auriez apprises, ou pas ? On vous a déjà embêté (21)?
L : Oui, on m’a déjà embêté mais non pareillement, parce que au début j’étais ceinture jaune, donc la première ceinture, donc j’avais pas de maîtrise, on va dire, du karaté. Puis là, bon, j’espère pas devoir (22) m’en servir !
A : Oui oui.
L : Mais bon, je pense qu’il pourrait en ressortir quelques trucs (23), oui, sûrement.
A : Mais ça vous apporte beaucoup, quoi. C’est pas juste physique, il y a plus (24), quoi. Ça permet un équilibre et …
L : Oui. Ça permet, un (25), de me défouler (26) c’est vrai, mais aussi de m’apporter intérieurement quelque chose, en fait. C’est…
A : C’est bien ! Bon Aurélie, vous auriez pas dû arrêter ! Vous le trouvez ailleurs, le… l’équilibre et tout ?
Au : Bah là, depuis trois mois maintenant, je me suis mise à la natation.
A : Ha !
A : Donc deux fois par semaine, je vais nager… le crawl, la brasse.
A : D’accord.
Au : Donc…
A : Donc dans une piscine ?
Au : Oui. Puis franchement, ça me plaît donc…
A : Ça vous fait du bien et tout ?
Au : Oui. Ça fait du bien, ça permet de se vider la tête et tout donc…
A : Oui oui oui, d’accord. Et vous avez progressé depuis le début sûrement, parce qu’au début, on n’est peut-être pas très…
Au : Non, bah j’ai de la facilité avec… avec le sport d’eau en fait. Depuis toute petite, je suis dans l’eau et tout, donc…
A : Vous êtes un poisson !
Au : Voilà, donc l’apnée…
A : Oui ?
Au : Je me débrouille bien… donc voilà. Et là, je pense que je vais passer le brevet enfin… le diplôme pour secourir dans la mer, en fait.
A : Ah oui d’accord, donc un vrai poisson, effectivement ! Bon, comment passer du karaté à… à la natation ! D’accord, bah je vous remercie alors.
L : De rien.
Des explications:
1. c’est quoi ? : question très orale. De façon plus neutre, on dit: Qu’est-ce que c’est ?
2. vu que il… : normalement, il faut dire et surtout écrire : vu qu’il… Mais à l’oral, on traîne souvent sur les syllabes, sur les mots. On n’enchaîne pas toujours les mots rapidement. C’est le cas ici.
3. ceinture noire: dans ce sport, il y a 12 couleurs de ceintures, ce sont les grades, la ceinture noire étant le grade le plus élevé.
4. que je sache… : ce subjonctif du verbe savoir vient du fait qu’Aurélie sous-entend: c’était bien que je sache… Ou alors, elle voulait dire: Pour que je sache…
5. un licencié: pour pratiquer un sport en club, il faut s’inscrire et prendre une licence, devenir membre. On est donc licencié.
6. Il y en a 15 filles: ce n’est pas correct. Il faut dire juste: il y a 15 filles. (On dit Il y en a, si on ne répète pas le mot fille par exemple: Combien y a-t-il de filles ? Il y en a 15.)
7. la parité: c’est quand il y a égalité, notamment en nombre, entre les filles et les garçons, ou les hommes et les femmes.
8. j’étais pas attiré: comme très souvent à l’oral, il manque ne: je n’étais pas attiré.
9. la quatrième: c’est la troisième année au collège.
10. vous êtes plus ensemble = vous n’êtes plus ensemble. (négation incomplète encore une fois.)
11. je faisais deux heures de sport: Aurélie avait déjà sport le matin au collège, dans son emploi du temps. Donc refaire une autre activité sportive l’après-midi dans un club faisait trop pour elle. (Les élèves de collège n’ont pas cours le mercredi après-midi. C’est donc là qu’ils peuvent faire du sport, ou de la musique ou d’autres activités artistiques.)
12. ça m’énervait: ça m’agaçait, je ne supportais plus.
13. ça fait que… : cette expression orale qui exprime la conséquence n’est pas vraiment nécessaire puisqu’il y a aussi « du coup ».
14. un petit moment: bizarrement, justement, on utilise cette expression pour parler d’une durée non négligeable, plutôt longue. On ne pense jamais à une courte période quand on l’emploie.
15. j’espère que j’aurai pas à… = … que je ne serai pas obligé(e) de…
16. éventuellement: peut-être
17. l’esquive: c’est le fait d’esquiver, c’est-à-dire éviter.
18. le nanbudo: c’est un art martial qui est un moyen de défense face aux différentes agressions, qui utilise l’énergie de chacun en des mouvements souples mais dynamiques, énergiques. Il constitue une véritable thérapie contre les méfaits, les nuisances de la vie.
19. bêtement: de façon stupide, sans réfléchir.
20. convivial: il y a une très bonne ambiance, tout le monde se retrouve là avec plaisir et est bien accueilli.
21. embêter quelqu’un: ici, lui faire du mal.
22. j’espère pas… : il faut dire: J’espère ne pas devoir m’en servir.
23. quelques trucs: mot familier quand on ne veut pas utiliser un mot précis. Ici, c’est comme dire: quelque chose.
24. il y a plus = il y a davantage. (Dans ce sens-là, on prononce le S final, contrairement à la négation plus. )
25. un = premièrement. On attend deux ensuite, mais Loïc dit juste: mais aussi.
26. se défouler: se détendre, évacuer le stress en se dépensant physiquement par exemple. (familier)
ET SI VOUS NOUS DONNIEZ VOTRE AVIS ? :
– Et vous, pratiquez-vous un art martial, un sport de combat, karaté ou autre ?
– Est-ce que chez vous, il y a des sports plus féminins ou masculins que d’autres ? (Par exemple, en France, le football est très masculin, contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis apparemment. En tout cas, à la télé, on voit peu de football féminin !)
– Qu’est-ce que vous cherchez dans la pratique d’un sport ? La performance ? Un bien-être et un équilibre physiques ? L’occasion de vous retrouver en groupe ?