Paul fait du tennis depuis l’âge de sept ans. Et comme il joue très bien, on lui a un jour proposé de communiquer sa passion à d’autres jeunes de son club et de leur donner des cours.
Ce n’est pas toujours simple car il faut s’adapter à des apprentis-tennismen d’âges très différents, qui ont des niveaux très variés et pas toujours la même motivation ni les mêmes capacités d’attention.
Bref, Paul sait tenir une raquette mais c’est aussi un vrai pédagogue !
Transcription
A : Anne / P : Paul
A : Bonjour Paul.
P : Bonjour.
A : Donc tu es venu nous parler aujourd’hui de ta pratique sportive. Donc tu fais du tennis.
P : Oui, je fais du tennis. Donc ça fait 9 ans maintenant que je fais du tennis. Donc j’ai (1) jamais changé de club, je suis toujours dans le même club dans mon petit village à Velaux, à coté de Marseille. Et donc ça me plaît beaucoup, donc j’ai continué.
A : Très bien, et alors du coup, est-ce que c’est devenu autre chose qu’une simple pratique de loisir aujourd’hui ?
P : Alors, au début, c’était que (2) de l’entraînement. Après, j’ai fait de la compétition. Et maintenant, je m’entraîne plus (3) beaucoup mais je donne des cours à des… des jeunes.
A : Des jeunes, c’est-à-dire ?
P : Alors, ben, c’est la troisième année où j’enseigne. Donc j’ai différents âges. Au début, j’avais des petits qui étaient en… qui faisaient beaucoup de compétition. Ils avaient entre 13 et 15 ans.
A : Donc c’est plus vraiment des petits à ce stade-là ! (4)
P : Oui, on peut dire ça comme ça.
A : Non mais j’aime bien le ton paternel !
P : Et ensuite l’année d’après, j’avais deux groupes: un groupe de filles qui avaient (5) entre 13 et 15 ans et un groupe mixte, entre 16 et 17 ans.
A : D’accord.
P : Et cette année, j’ai gardé le même groupe de 16 et 17 ans. Et je donne aussi des cours à des plus petits. Donc trois heures par semaine, je donne des cours à des petits entre 7 et 11 ans.
A : J’imagine que ça doit faire un énorme changement entre des ados (6) et… et des enfants, au niveau de (7) l’encadrement (8).
P : Oui … Oui, c’est sûr. Ben, en fait, la première année, j’avais des petits qui faisaient de la compétition. Donc ils étaient tous très, très motivés et ils en faisaient depuis longtemps même s’ils étaient pas très grands. Donc ils avaient tous un très bon niveau et ce qu’ils voulaient, c’était surtout faire la compétition entre eux et rivaliser, alors que cette année (9), j’ai des tout petits. Donc j’en ai beaucoup qui débutent le tennis. Et c’est une méthode d’enseignement complètement différente. Faut (10) leur apprendre la coordination, faut les cadrer (11) parce que ils sont pas très concentrés. Et faut aussi gérer les différences de niveaux parce que comme ils débutent, au tout début, ils ont le même niveau et après, rapidement, il y en a qui progressent très vite, alors qu’il y en a qui ont beaucoup plus de difficultés. Donc faut arriver à gérer les différences de niveau dans le groupe.
A : D’accord. Donc sur des groupes de plus de… d’élèves plus âgés, il faut se… Tu te concentres plutôt sur la technique au niveau du tennis, tandis que sur des groupes de plus jeunes, c’est plus, soit des… de… un petit peu des qualités sociales, c’est-à-dire comment travailler en groupe, soit des qualités qui sont un petit peu en dehors de la pratique du tennis spécifiquement, comme la concentration ou comme la discipline.
P : Oui, c’est ça. Par exemple, les plus grands, ils se connaissent, ils connaissent leur corps, donc ils vont vouloir progresser sur les gestes, travailler uniquement la technique. Alors que les petits, ils connaissent pas vraiment leur corps, ils sont en train de grandir, donc on va faire beaucoup d’exercices sans raquette, avec des balles, des petits jeux. Il faut que ça soit très ludique (12).
A : Parce qu’ils s’ennuient sinon ? Ou ils se dissipent ?
P : C’est pas qu’ils s’ennuient mais il faut qu’ils changent rapidement d’exercice. Faut qu’ils passent à autre chose, faut qu’ils fassent plein de choses, qu’ils travaillent l’œil, qu’ils travaillent les mouvements, qu’ils travaillent la coordination. Donc… donc par exemple, les plus petits, sur une heure et demie d’entraînement, on va faire 45 minutes, voire (13) presque une heure de jeux sans raquette, avec des grosses balles, avec des cibles à viser avec les balles, avec des passes à se faire, des courses à faire. Et après, à la fin, on va faire des petits jeux avec les raquettes. Mais la raquette, c’est pas la priorité au début, parce que le tennis, c’est d’abord un sport où faut être coordonné et donc faut qu’ils apprennent à connaître leur corps.
A : D’accord. Et qu’est… qu’est-ce qui t’a appris le plus ? De travailler avec des enfants plus jeunes ou avec des ados ?
P : Les… les plus jeunes, parce que la première année, j’en avais… j’avais des petits qui faisaient de la compétition. Donc je jouais avec eux. Bon j’avais… j’avais quand même un… enfin, j’étais quand même plus fort qu’eux, donc ils jouaient contre moi et ils progressaient. Donc… et ils avaient un peu les mêmes problèmes que j’avais eus, vu que moi aussi, je faisais de la compétition. Donc c’était facile pour moi de les aider et de voir ce qui va pas dans leur jeu. Alors que les petits qui ont du mal dans la coor[…], pardon, dans la coordination, bah ils ont des problèmes que j’ai pas forcément eus. Donc c’est difficile pour moi de… de les aider.
A : Ou tu t’en rappelles plus ! Parce que c’était quand même… enfin je dis pas que tu avais des problèmes de coordination…
P : Bah j’ai commencé le tennis, j’avais 10 ans. Donc…
A : Oui.
P : Ceux qui ont 7 ans, ils ont des problèmes que…
A : Oui.
P : Enfin moi, dès la première année, j’avais des facilités dans le tennis donc c’est pour… Enfin c’est aussi pour ça que j’ai continué ce sport.
A : Oui.
P : Alors que j’ai des petits qui… qui ont du mal et… dans la coordination. Donc j’ai pas… j’ai pas eu ce problème.
A : D’accord. Et tu comptes continuer dans le futur ou pas forcément ?
P : Bah, j’aimerais bien parce que ça me plaît mais faut que mes études me le permettent aussi.
A : D’accord. Bon merci beaucoup pour ce témoignage.
P : Merci à vous.
Nos explications:
(1) J’ai jamais : je n’ai jamais. Oubli de la négation complète. (comme dans le reste de la conversation)
(2) c’était que de l’entraînement = ce n’était que / c’était seulement de l’entraînement.
(3) je m’entraîne plus beaucoup = je ne m’entraîne plus beaucoup.
(4) à ce stade-là : à ce niveau-là
(5) qui avaient: Paul, comme beaucoup de Français, prononce qui de telle sorte qu’on n’entend pas bien ce mot. On entend plutôt: qu’avaient. (Mais n’écrivez jamais ça comme ça.)
(6) des ados : abréviation très courante de adolescents.
(7) au niveau de: en ce qui concerne / dans le domaine de
(8) l’encadrement: la manière d’ encadrer, de guider ces jeunes élèves.
(9) cette année: Paul mange certaines syllabes et prononce c’t’année.
(10) faut: normalement, on doit dire: il faut. Mais à l’oral, la disparition de « il » est très fréquente avec des verbes comme: il faut / il vaut mieux.
(11) cadrer quelqu’un: l’ encadrer, le discipliner.
(12) ludique: amusant, qui a le caractère d’un jeu, qu’on fait comme un jeu.
(13) voire: et même