La pandémie de Covid-19 a changé nos vies à tous, partout dans le monde. Depuis le début, tous les soignants sont aux premières loges de ces grands bouleversements. Alors, aujourd’hui, on vous emmène à l’hôpital : Nicolas est allé discuter de tout ça avec une infirmière, qui a choisi de progresser dans sa carrière et de travailler de nuit.
Voici juste l’enregistrement :
Transcription :
N : Ça va, tata (1) ? Pas trop difficile en ce moment, les nuits, surtout ?
I : Bah écoute, ça va. Il a fallu un petit temps d’adaptation, on va dire, pour les nuits. Mais là, ça va.
N : Et c’est pas trop difficile, surtout avec le Covid, là, en ce moment ?
I : Eh oui, on a des contraintes avec le Covid parce qu’il faut… il faut certains équipements, pour rentrer dans les chambres. Donc c’est vrai que ça me fait perdre pas mal de temps (2). Mais c’est une autre organisation.
N : C’est déjà un peu mieux depuis que tu es infirmière quand même.
I : Oui ! Mais c’est plus de responsabilités au niveau du travail, parce que aide-soignante, c’était quand même pas mal de boulot (3), mais c’était plus physique. Là, c’est vrai que infirmière, ça me demande plus de réflexion.
N : Tu as plus de tâches à accomplir, du coup ?
I : Eh oui, surtout que c’est un travail de collaboration avec les médecins et… et en fait, comme on est le dernier maillon de la chaîne, on se doit de… d’effectuer toutes nos tâches avec une grande attention et on doit respecter à la lettre (4) tous les protocoles qui nous sont prescrits et également pour toutes les prescriptions médicales, donc pour les médicaments.
N : Ouais, en plus, c’est accentué avec le Covid et tout ça, quoi (5).
I : Oui, parce que c’est… En fait, c’est un peu rébarbatif (6) parce qu’on fait un peu la même chose. Donc c’est vrai que c’est intéressant, mais à la longue (7), c’est vrai que c’est mieux de voir toutes les pathologies.
N : Les patients, c’est pas trop compliqué pour eux ?
I : Bah ce qui est difficile pour eux, c’est qu’ils ont… Bon la nuit, après, c’est un contexte différent. Mais là, les visites ont été de nouveau autorisées, mais c’est vrai que quand il y avait pas de visites, c’est vrai que le temps est long.
N : C’est vrai.
I : C’est long pour eux et difficile de pas voir leurs proches (8). Donc forcément, déjà qu’une hospitalisation, c’est compliqué, là, c’est accentué, oui, par le contexte sanitaire.
N : Et surtout, que du coup, vu que c’est un grand hôpital, tu dois avoir beaucoup de chambres à voir, beaucoup de patients. C’est difficile de se souvenir de tous, quoi.
I : Eh oui, oui, oui. Surtout que… on est… Il y a beaucoup… Il y a un manque d’effectif (9) important, et des fois, bah on se retrouve au dernier moment toute seule pour gérer par exemple vingt-sept patients. C’est vrai que c’est limite (10) illégal, mais bon, des fois (11), on n’a pas trop le choix, enfin… quand il y a pas d’autres infirmiers ou infirmières.
N : Et du coup, quand tu travailles de nuit, c’est quoi, les avantages et les inconvénients ?
I : Les avantages, déjà, c’est vrai que par rapport à la journée, il y a moins de bruit, c’est plus calme la nuit. Et puis, on est plus dans l’accompagnement au repos auprès des patients, donc on fait en sorte qu’ils passent une nuit assez, voilà, calme, sans douleur, etc., même si des fois, c’est pas évident. Et puis après, nous, aussi, au niveau de notre organisation, on est quand même plus autonome et on a moins de médecins qui nous donnent des directives au dernier moment, donc ce qui fait qu’on peut bien s’organiser dans notre travail. Après, au niveau des inconvénients, c’est sûr que le rythme de nuit, physiquement, c’est pas évident (12). C’est… c’est fatigant. L’inconvénient aussi, c’est qu’on a tendance à grignoter (13) la nuit, voilà !
N : Ah, problème, problème ! Ok, bon bah écoute, ça m’a bien éclairé (14). On va manger maintenant ?
Des explications :
- tata : terme familier qu’on emploie avec sa tante.
- pas mal de temps : longtemps
- le boulot : le travail (familier)
- respecter quelque chose à la lettre : respecter quelque chose strictement
- quoi : ajouté machinalement à la fin des phrases à l’oral, c’est un tic de langage. Cela ne signifie rien. C’est comme une conclusion des phrases, uniquement quand on parle. C’est difficile de s’en débarrasser !
- rébarbatif : ennuyeux
- à la longue : au bout d’un moment
- les proches : la famille
- un manque d’effectif : un manque de personnel. Il n’y a pas assez de personnel dans les services hospitaliers.
- limite : presque, quasiment (style oral)
- des fois : parfois, quelquefois (plus oral)
- grignoter : manger souvent, en général sans faim, entre les repas ( parce qu’on s’ennuie, ou parce qu’on est stressé par exemple.)
Et vous, qu’en dites-vous ?
– Votre charge de travail s’est-elle alourdie avec le Covid ?
– Travaillez-vous ou avez-vous déjà travaillé de nuit ? Y trouvez-vous des avantages et des inconvénients vous aussi ?
– Est-ce que vous aimez avoir pas mal d’autonomie dans votre travail ?
A la semaine prochaine