400 kilomètres, entre le sud-est et le sud-ouest (2)

On retrouve Jean-Claude pour la suite de la conversation de la semaine dernière où il nous emmène sur les sentiers et par les petites routes à l’écart des grandes villes ! L’occasion de marcher dans des paysages très variés et de faire des rencontres.

Les Cévennes

Transcription

A : Tu étais seul, et est-ce que tu as rencontré des gens qui faisaient comme toi, ou dans l’autre sens (1), parce que ça fait des longues journées finalement, sans parler à personne peut-être… enfin, si, pour acheter un morceau de pain, quelque chose comme ça, mais…
JC : Oui, il y a pas eu de journées pendant lesquelles j’ai parlé à personne, mais j’ai… Il y a eu quelques rencontres, bon, pas très, très nombreuses, dans lesquelles, en effet, on perd une heure à discuter avec quelqu’un, comme ça, parce qu’on le croise et qu’il a un sac à dos comme le mien, chargé, donc on peut dire on se reconnaît en quelque sorte. Et donc on échange, voilà. Bon, le soir… parce que au Mont Aigoual (2) par exemple, j’ai dormi dans un gite (3) aussi, donc je…
A : Tout en haut ?


JC : Tout en haut du Mont Aigoual, ouais, à côté de la station Météo, là, il y a un gîte et donc on n’était que deux dans le gîte, un cycliste, là, avec qui on a échangé.
A : Lui, il était monté en vélo et il faisait plusieurs jours ? Enfin…
JC : Oui, oui, il faisait… Il avait fait… Je crois qu’il avait pris trois ou quatre quatre jours en vélo. Il était très léger, quoi, il avait, au niveau (4) équipement, vêtements, tout ça, il avait pas de sac à dos, il avait juste un petit sac qui s’accroche derrière la selle du vélo et il logeait comme ça dans des gîtes. Bon, c’était très sympa (5), c’est des rencontres très sympas en fait. J’ai le souvenir aussi d’un… d’une personne d’origine allemande, là, un jeune, qui fait des flûtes (6) dans les Cévennes (7) et qui marchait. On est resté une heure et quelque (8) à parler entre nous, là, pour… bon, échanger : au départ (9), c’est sur (10) le chemin, puis après, on échange sur tout, quoi, je veux dire, c’est presque des rencontres qui pourraient… On pourrait devenir des amis, quoi mais bon, après, ça s’interrompt, évidemment.
A : Et alors, quand on arrive, on est content ? Soulagé ? Ou on se dit : Oh, j’aurais pu continuer encore et… ?
JC : Bah, c’est parce qu’on s’est fixé un objectif que, j’allais dire… Voilà, on se dit que, voilà, c’est fini, on est soulagé et tout ça. Mais physiquement, moi je pense que, une fois qu’on a passé (11) quatre, cinq jours, on peut faire ça tous les jours… Enfin, je sais pas, après, peut-être que, au… si c’est très, très long, peut-être qu’une fatigue plus intense, plus profonde s’installe. Mais là, franchement, moi, quand je suis arrivé, j’avais pas de souci, quoi, j’aurais pu faire… Voilà! Simplement, dans la tête, l’objectif est atteint, donc il y a une espèce de relâchement.
A : Et les chaussures qui n’auraient peut-être pas tenu (12) beaucoup plus longtemps !
JC : Et les chaussures, voilà, qui… Oui, mais ça, ça a été une erreur, quoi, un mauvais choix de chaussures, on va dire.
A : Oui, oui. Mais toi, tu as jamais mal aux pieds. Parce qu’il y a des gens, quand même, qui souffrent des pieds !
JC : Oui, ça, c’est peut-être…
A : A force de marcher (13) aussi longtemps.
JC : En effet, ça, c’est peut-être difficile pour les gens qui, en effet, qui ont les pieds fragiles. Mais j’ai été très… très vigilant (14) quand même là-dessus, hein ! Je savais qu’il fallait pas que j’attrape un mal de pieds si je peux [dire] ! Mais donc, dès que je sentais qu’il y avait, même pas une douleur, mais avant la douleur, mais comme si je sentais qu’il pouvait y avoir un commencement de début de petite gêne, j’arrangeais mes chaussettes, je les retendais un petit peu. J’arrangeais aussi mes lacets (15), je resserrais mes chaussures, parce que j’avais bien conscience qu’il fallait que mes pieds aient un bon état, si je voulais continuer ma balade et arriver jusqu’au bout.
A : Effectivement (16) ! Puisque c’était si long, tu as dû voir l’évolution dans les paysages, parce que tu es parti de la Méditerranée et tu es allé dans le sud-ouest.
JC : Bah, oui, on voit bien la différence, en effet. On part avec la mer, la Méditerranée, la baie, la baie de Marseille, donc les paysages qu’on connaît, la Provence. Et en fait, le point de rupture, là, c’est quand même que lentement, on se dirige vers les montagnes. Donc il y a les Cévennes, puis le Mont Aigoual, et puis après, c’est le plateau du sud-ouest, quoi, hein, les Causses (17), et les plateaux du sud-ouest, le Lévézou, voilà. Hein donc ça fait un changement évidemment, les paysages sont plus verts à la fin qu’au début, la végétation est pas la même : les pins au départ, et ensuite, c’est plus des forêts de chênes. Bon, il y a même des hêtres, évidemment, sur le Mont Aigoual. Donc ça change évidemment complètement. Mais comme c’est progressif, ça fait pas de choc. C’est vraiment lentement que le paysage se modifie.
A : Et ce Mont Aigoual, alors, tu n’étais pas obligé d’y passer. Alors pourquoi est-ce que tu as voulu y monter ?
JC : Parce que c’est quand même un mont, bon, que j’aime bien parce qu’il est dans le sud mais c’est quand même… ça change complètement, à cause de l’altitude, de l’exposition au vent. C’est un paysage complètement différent. Et puis c’est une espèce de citadelle, là, qui domine. En plus, on peut dormir et c’est ce qui s’est passé. Il y a un gîte, donc on était deux dans le gîte uniquement (18). Le gîte est assez grand, assez moderne. Et on a vraiment l’impression d’être perdu sur une autre planète ! Non, c’est… Je suis bien content d’y être passé !
A : Et tu as eu une belle vue ?
JC : Non ! Alors, ça, pour la vue, ça a été raté ! Mais bon, j’y étais allé auparavant, donc je savais comment était la vue. Mais parce que en fait, je suis arrivé, il pleuvait, il y avait un vent très violent, voilà. Et le lendemain, c’était pareil (19), je suis parti sous la pluie et sous le vent. Et après, petit à petit (20), dans la journée (21), ça s’est calmé et j’ai eu une belle journée en fait, mais sauf le tout début (22), quoi, le matin et la veille au soir (23).

Des explications

  1. dans l’autre sens : en sens inverse, du sud-ouest à la Méditerranée
  2. Le Mont Aigoual : le point culminant du massif de l’Aigoual est à 1567 mètres. Pour en savoir plus, vous pouvez aller sur le site développé par le département du Gard.
  3. un gîte ( ou gite) : un logement équipé pour les touristes, les randonneurs, etc. Certains sont des maisons où on est indépendant, d’autres sont des logement où on est hébergé en collectivité. Voici le lien vers le gîte de l’Observatoire où JC a passé une nuit.
  4. au niveau équipement : en ce qui concerne son équipement
  5. sympa : abréviation de sympathique, ce qui signifie agréable
  6. une flûte : il s’agit de l’instrument à vent
  7. les Cévennes : une des chaînes de montagnes en France, au sud du Massif Central. Voici un lien où vous trouverez des photos et plein d’infos sur ce lieu magnifique.
  8. une heure et quelque : un peu plus d’une heure
  9. au départ : au début
  10. sur le chemin : ici, sur signifie à propos de / au sujet de
  11. une fois que : quand / dès que
  12. tenir : résister
  13. à force de (marcher) : en faisant beaucoup quelque chose
  14. vigilant : très attentif. JC a fait très attention à ne pas se faire des ampoules aux pieds
  15. arranger ses lacets : refaire ses lacets, c’est-à-dire ce qui permet de serrer ses chaussures
  16. Effectivement = c’est vrai
  17. Les causses : ce sont les plateaux calcaires du sud-ouest de la France
  18. uniquement : seulement
  19. c’était pareil : c’était la même chose
  20. petit à petit : peu à peu. (La plupart du temps, on fait la liaison entre petit et à, contrairement à JC.)
  21. dans la journée : plus tard, au cours de la journée
  22. le tout début : vraiment dans les premiers moments
  23. la veille au soir : le soir qui a précédé la date qu’on prend comme référence. Quand on dit juste : la veille, ça peut être n’importe quand dans la journée qui précède la date en question. (Remarque : je n’ai jamais entendu quelqu’un dire : la veille au matin.)

En quittant Marseille
Paysage du Causse
Les chênes de l’Aveyron

Rendez-vous la semaine prochaine, pour la fin de cette conversation car j’avais encore quelques questions à poser à Jean-Claude sur son périple !

6 réflexions sur “400 kilomètres, entre le sud-est et le sud-ouest (2)

  1. Peta dit :

    Merci à vous, Anne – c’est encore plus intéressant que jamais! Moi, je quitte l’Australie pour la France la semaine prochaine – pas près de Marseille, mais plutôt à Strasbourg et à Besançon. Ca fait trop longtemps – j’ai hâte!! Ce sont des trucs comme France Bienvenue qui continuent à m’inspirer – merci mille fois!

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    • France Bienvenue dit :

      Bonjour Peta,
      Peut-être êtes-vous en France maintenant ! (Moi, je retournerais bien en Australie un de ces jours!) En tout cas, je vous souhaite un magnifique séjour dans l’est de la France. Connaissez-vous déjà ces deux villes ? Deux très belles régions, avec plein de choses à faire !
      A bientôt
      (Et si un jour vous venez du côté de l’Aveyron où j’habite maintenant, la maison est ouverte !)

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      • sallyfox13 dit :

        Bonjour ! J’habite à Spring Valley en Californie, dan le compté de San Diego. OIci on est très proche du Mexique et je parle espagnole et anglais. J’adore le français depuis mon enfance. J’ai passé un an à Aix-en-Provence quand j’étais à l’université, mais ça fait longtemps– presque 50 ans ! Alors, je fais du français pour mon plaisir. Je suis à la retraite après une carrière d’éducatrice bilingue. Maintenant, je travaille à temp partiel pour l’Association californienne pour l’éducation bilingue en tant qu’analyste politique.

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        • France Bienvenue dit :

          Bonjour Sally,
          Quel beau parcours! Vous aviez dû vous régaler à Aix. C’est une très belle ville et très agréable pour les étudiants. Aviez-vous visité aussi Marseille? Nous nous y étions installés en 1992 après avoir habité au nord de Paris. C’était très agréable de vivre en Provence après la grisaille du nord!
          Votre français est parfait bien sûr, je suis très contente de vous lire !
          Nous sommes allés aux Etats-Unis, mais pas en Californie. Maintenant que les voyages redeviennent possibles (et que nous sommes nous aussi à la retraite), nous avons bien envie de retourner dans votre pays si varié. Et j’aime tellement l’anglais qui fait partie de ma vie depuis l’âge de 11 ans, quand j’ai commencé à l’apprendre en classe de 6e. A bientôt

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