Je fais aujourd’hui comme parfois mes étudiants dans des billets précédents : il ne s’agit pas d’une conversation car pour tout vous dire, je n’ai pas eu le temps de mettre en forme comme je le voulais ce que j’ai enregistré avec la personne (très bavarde !) que j’ai interrogée cette semaine. Cette fois-ci, c’est donc une sorte de petit récit personnel. J’espère que ça vous intéressera aussi !

Transcription
Je vais aujourd’hui enregistrer moi-même quelque chose qui nous est arrivé ces derniers temps (1). C’est lié au fait que j’ai pris ma retraite – nous sommes tous les deux à la retraite – et nous avons décidé de quitter Marseille pour venir habiter dans le sud-ouest. Il y a des gens qui ont dit : Oui, mais si vous partez à la retraite (2), ça risque (3) d’être difficile pour vous de vous refaire un réseau d’amis, etc. Mais en fait, c’est une région qu’on connaît bien parce que mon mari est de cette région, il est originaire de cette région. Moi, je suis parisienne, hein, donc c’est pas du tout mon coin (4) mais c’est un endroit où on vient depuis, évidemment, toujours, en vacances, et voilà.
Et il y a donc cinq ans, nous avons acheté une maison, ou plutôt une ruine que nous avons retapée (5), rénovée, enfin, pas nous-mêmes directement mais on a fait rénover cette maison et on s’y plaît (6) beaucoup. Donc au fil de ces cinq années (7), on s’est rendu compte que finalement, quitter Marseille pour venir s’installer là, c’était quelque chose qui nous plaisait vraiment. Donc nous avons fait tout ce qu’il fallait pour quitter Marseille, c’est-à-dire mettre en vente notre maison marseillaise.
C’est pour ça, il a fallu bien évidemment vider la maison, ce qui n’a pas été une mince affaire (8), parce que c’est une maison où nous habitions depuis trente ans. On a fait les cartons (9), on a trié beaucoup, beaucoup, beaucoup ! Et puis donc on a décidé de déménager au moment de la mise en vente. Ensuite, il fallait évidemment transporter tout ça. Mais on ne se refait pas (10) ! Les quelques fois (11) où nous avons déménagé, nous l’avons toujours fait par nous-mêmes. Et là, donc, c’est la même chose : nous avions décidé de déménager sans faire appel à (12) des déménageurs parce que c’est quand même beaucoup plus coûteux, quelle que soit la formule qu’on choisisse, hein! On peut faire faire tout par les déménageurs : emballage, transport, déballage, rangement, etc. On peut choisir d’emballer soi-même et de faire transporter par un déménageur. Bon, nous, on a choisi de le faire nous-mêmes en louant un camion, parce que avec le permis (13), disons ordinaire, on peut conduire un utilitaire (14), un fourgon, un petit camion, jusqu’à un certain poids (3,5 tonnes, je crois). Mon mari, ça ne lui faisait absolument pas peur de conduire ce genre de véhicule, il l’a déjà fait. Et on a loué un fourgon, enfin un camion, un petit camion, voilà, et nous avons pu charger tout ce que nous avions. On avait loué ce camion-là parce qu’en fait, il avait un hayon. Un hayon, c’est cette espèce de petit monte-charge qui est à l’arrière du camion et qui permet de ne pas soulever (15) les cartons, les meubles pour les installer dans le camion.
On avait fait ça, non pas parce qu’on a des tonnes de meubles, ni de vaisselle, ni de tout ce que vous voulez, mais surtout, j’ai un piano. Et ce piano pèse 270 kilos. Evidemment un piano, ça n’est pas très facile à porter et c’est bien lourd et c’est fragile et il faut pas faire n’importe quoi. Donc même chose, on aurait pu faire appel à des déménageurs spécialisés dans le transport de pianos. Mais on l’avait déjà déménagé depuis le nord de la France jusqu’à Marseille nous-mêmes, donc c’est la même chose, ça a été la même chose cette fois-ci aussi.
Donc à Marseille, c’était assez simple, dans la mesure où (16) nous avions cinq amis, plus un de mes fils qui étaient là pour prêter main-forte (17). Et puis aussi, parce qu’ il a quand même des petites roues, enfin voilà, il est sur… il y a des roulettes qui ne sont pas hyper mobiles, mais ça permet de ne pas avoir, disons, à porter le piano complètement. Et il restait juste entre la maison et le camion quelques mètres à faire en le portant parce qu’il y avait du gravier. Donc ça, ça s’est fait, il a été bien calé (18), bien protégé, bien attaché. Le reste du camion a été bien rempli, notamment grâce au savoir-faire d’un de nos copains qui a vraiment un sens de l’organisation et qui nous a permis d’optimiser, comme on dit, l’espace de ce camion.
Nous avons quitté Marseille le soir, donc vers 19h30. Nous nous sommes mis en route. Et disons que en gros, à 150 km de l’arrivée à peu près, tout d’un coup (19), problème ! Un des voyants (20) sur le tableau de bord a commencé à s’allumer. Un voyant orange. Mais le camion continuait à rouler, il y avait pas de problème majeur… enfin, on comprenait pas trop ce qui se passait. Simplement, un message s’affichait et ce message indiquait qu’il fallait se rendre dès que possible dans un garage. Mais ça n’indiquait pas la cause de la panne.
Donc nous avons continué, parce que là où nous étions, il y avait pas de garage du tout, pas de ville particulièrement, c’est un endroit un petit peu… enfin, voilà, c’est pas aux abords (21) d’une grande ville. Nous ne voyions pas très, très bien quoi faire, parce que bon, tomber en panne dans cet endroit, loin d’un garage et puis en pleine nuit, ça voulait dire, je sais pas, attendre un dépannage, enfin téléphoner à l’assurance, attendre un dépannage, passer probablement une nuit blanche (22), et puis des complications, je sais pas, pour vider le camion, enfin je sais pas comment ils auraient fait. Est-ce qu’ils auraient charger le camion lui-même, chargé de tout notre déménagement sur un autre camion ? je ne sais pas ! Bref (23), c’était quelque chose que nous n’avions pas trop envie d’envisager ! Et puis, c’était pas censé arriver à un camion de location, enfin, ils sont normalement révisés, ils doivent être fiables, voilà. Donc nous avons continué et on s’est dit : on va aller le plus… le plus loin possible et on verra… Si ça ne va plus, on verra à ce moment-là ce qu’on fait.
Alors, j’arrête là pour aujourd’hui, en vous disant aussi qu’il fallait coûte que coûte (24) que nous soyons arrivés pour le lendemain matin 7 heures 25) au plus tard. Et je vous laisse peut-être essayer de deviner pourquoi. Il y a des indices (26) dans ce que je viens de vous raconter. Je sais pas si vous sentez cet art de faire monter le suspense ! Et en attendant, je vous dis à la semaine prochaine !
Des explications
- ces derniers temps : récemment
- à la retraite : ici, cela signifie : « si vous partez de Marseille au moment de la retraite / quand vous prendrez votre retraite ». Il y a ambiguïté dans ma formulation car l’expression partir à la retraite signifie prendre sa retraite.
- ça risque d’être difficile : ça pourrait être difficile
- ce n’est pas mon coin : je ne suis pas de là du tout
- retaper une maison : faire plein de travaux pour rendre une maison à nouveau habitable
- se plaire quelque part : apprécier / aimer vraiment cet endroit
- au fil de ces cinq annnées : peu à peu au cours de ces 5 ans
- ce n’est pas une mince affaire : ce n’est pas facile du tout
- faire les cartons : emballer ses affaires et les mettre dans des cartons pour les transporter
- on ne se refait pas : cette expression signifie qu’on ne change pas, qu’on garde les mêmes habitudes
- les quelques fois où… : les autres occasions / les fois où… (et qui ne sont pas si nombreuses que ça). C’est différent de quelquefois. On peut adapter cette expression en fonction de la fréquence et dire : Les rares fois où… / Les nombreuses fois où…
- faire appel à quelqu’un : utiliser les services de quelqu’un, se faire aider par quelqu’un
- le permis = le permis de conduire
- un utilitaire : un véhicule utilitaire, destiné à transporter des marchandises et pas seulement des passagers
- qui permet de ne pas soulever : je ne suis peut-être pas très claire ! Je voulais dire qu’on n’a pas à soulever les objets manuellement, pas à les porter.
- dans la mesure où : comme / puisque
- prêter main forte (à quelqu’un) : apporter une grande aide à quelqu’un
- caler quelque chose : bloquer cet objet afin qu’il ne bouge pas
- tout d’un coup : soudain
- un voyant : un signal luminueux avec une fonction précise pour montrer si ça marche ou pas
- aux abords de : près de
- une nuit blanche : une nuit sans dormir
- Bref : c’est ce qu’on dit quand on ne veut pas continuer à donner davantage de détails, quand on veut abréger
- coûte que coûte : absolument / à tout prix. (= c’était indispensable)
- 7 heures au plus tard = à 7 heures maximum
- un indice : quelque chose qui aide à comprendre, à deviner quelque chose, à résoudre une énigme

Suite et fin au prochain épisode !
A la semaine prochaine.