Vous aimez les frissons ? Vous aimez vous faire peur ?
Emilie nous raconte aujourd’hui ce qui lui a procuré ces sensations fortes il y a quelque temps. Elle nous emmène sur un pont. Vous avez deviné de quoi il s’agit ?
Transcription
A : Anne / E : Emilie
A : Bon, Emilie, on dirait pas comme ça (1) mais j’ai appris que tu prenais beaucoup de risques !
E : Oui, effectivement, j’ai fait le saut à l’élastique et j’avoue que maintenant, avec le recul (2), oui, c’est prendre un risque. Oui, c’est…
A : Pourquoi ? Tu as fait ça à quel âge ?
E : Oh, je sais… Oui, bah j’avais dix-huit ans puisque visiblement, d’après ce que j’ai appris récemment – je me rappelais plus du tout – mais ma mère m’avait interdit de le faire, et dès que j’ai eu 18 ans, j’en ai profité (3), je l’ai fait.
A : Comment ça s’est passé ? C’était où ?
E : Alors, c’était à Saint Rom de Cernon. Je m’en rappelle, c’était sur un pont où passait le vélo-rail (4), oui, parce qu’il y avait des vélos-rail qui passaient. Et c’était ou en binôme (5) ou tout seul. Et j’ai fait le premier saut toute seule. Alors, le pont, je me rappelle pas combien il faisait de mètres (6) mais c’était quand même assez impressionnant. Et du coup, bah j’ai hurlé tout le saut (7) ! Mais j’ai quand même gardé les yeux ouverts et je me rappelle de toute la scène et c’est vrai que c’est… Ouais, c’est un effet… Enfin voilà.
A : Ça peut pas se décrire.
E : Non, ça peut pas se décrire, ouais. C’est… en fait, on voit arriver le sol et d’un coup, on se sent repartir dans l’autre sens, enfin, c’est… ça fait fouillis (8) un peu au bout d’un moment dans la tête !
A : Mais tu dis… tu l’as fait d’abord toute seule. Moi j’aurais pensé qu’on faisait dans l’autre sens (9) d’abord.
E : Non, non, non.
A : Avec quelqu’un.
E : Non, parce que après, en fait, on avait du temps. Enfin, il y en avait qui avaient peur, qui voulaient pas le faire tout seuls et après, on avait du temps, donc ceux qui voulaient re-sauter pouvaient re-sauter à deux et…
A : D’accord.
E : Donc voilà, quoi.
A : Mais ça dure pas longtemps en fait !
E : Bah non, c’est… Non. Mais c’est un truc…
A : Et tu as l’impression que ça dure.
E : Ouais, on a l’impression que ça dure. Et en même temps, on a l’impression que ça dure pas, quoi ! Parce qu’il y a des rebonds quand même, attention, hein !
A : Oui ? Une fois que tu rebondis, c’est ça, c’est décontracté ?
E : C’est plus décontracté, ouais, c’est plus… Puis en même temps, au rebond, on se dit « Oh, mais il y a un paysage », alors qu’au début, on voit que le sol, la première fois, et puis après, on rebondit. Il y a un paysage, enfin, on voit le ciel, puis le paysage… Ouais, le rebond est plus cool !
A : Et comment ça se passe au moment où tu dois y aller ? Est-ce que, bon… Longtemps avant, on doit se dire : « Bon, OK, je vais y aller, et tout. » Mais au moment où tu es sur le bord…
E : Il y en a qui sont poussés ! Il y en a qui reculent. Et… Non, moi, j’ai sauté. Moi, je… Ils m’ont pas poussée, j’ai sauté. Alors, il y en a qui sautent super loin, genre (10) comme un plongeon. Mais non, je pense que j’ai pas trop pris d’élan (11) mais j’ai quand même sauté, non, les bras ouverts, comme un plongeon, quoi.
A : D’accord. Mais alors… je sais pas, il y a des gens qui prennent des photos ? Il y a quoi ?
E : Alors là, nous…
A : Tu as des traces ?
E : Là, nous, on avait une vidéo, voilà, on avait une vidéo. Et oui, ça y est, je m’en rappelle maintenant. On avait une vidéo et c’est vrai que ce qui… ce qu’on entend beaucoup, c’est des hurlements des gens pendant le saut ! C’est vrai, c’est des hurlements ! Bon, non je le referais, ouais. Non, c’est sympa (12). Non, non, c’est sympa comme sensation. Après, bon, on prend un risque mais c’est quand même un gros élastique. Je pense qu’on pense plus de risques en prenant sa voiture pour aller faire les courses qu’en faisant le saut à l’élastique une fois par mois, quoi. C’est sûr !
A : Et alors, pourquoi tu avais voulu faire ça ? Parce que moi, j’oserais jamais faire ça, hein !
E : J’étais avec des amis. On était un groupe d’amis et ouais, c’est… Non, c’est… non, c’était l’occasion de le faire…
A : Bon. Alors la prochaine fois, c’est quoi ? Un saut en parachute ?
E : Eh ouais, mais ça, comment (13) j’ai voulu le faire pendant super longtemps ! Mais le saut en parachute, c’est… c’était un peu plus cher à l’époque (14) !
A : Oui, c’est ça. Ça doit être toujours plus cher aujourd’hui mais…
E : Oui, c’est un budget (15), mais un peu moins cher qu’à l’époque, mais c’est un budget un peu plus… Puis il faut aller plus loin, on le fait pas partout, alors que le saut à l’élastique, on peut le faire pas loin. Mais le… le parachute, ouais, c’est… plus cher.
A : Bon ! Et ton fils, tu le laisseras sauter à l’élastique ?
E : Bien sûr ! Par contre, je le laisserai pas conduire de mobylette (16), il pourra pas sortir le soir (17) !
A : Mais il pourra sauter à l’élastique !
E : Mais il pourra sauter à l’élastique ! C’est pas dangereux !
A : D’accord. Bon bah, écoute… Merci Emilie !
E : De rien.
Des explications :
1. On (ne) dirait pas comme ça : on n’imaginerait pas ça du tout. (familier)
2. Avec le recul : plus tard, en réfléchissant davantage
3. J’en ai profité : j’ai saisi l’occasion. (Dix-huit ans, c’est l’âge de la majorité, donc on n’est plus obligé d’avoir l’autorisation de ses parents pour faire quelque chose. En théorie !)
4. Le vélo-rail : certaines voies ferrées ont été abandonnées et reconverties en lieux de promenade avec des drôles de « véhicules » qu’on fait avancer sur les anciens rails en pédalant.
5. En binôme : par deux, en équipe de deux
6. Combien il faisait de mètres = combien il faisait de mètres de haut / quelle était sa hauteur
7. Tout le saut = pendant tout le saut
8. Fouillis = désordre (familier). Ça fait fouillis signifie que les choses ne sont pas très claires, que tout devient confus. Donc ici, on est tellement dominé par ses sensations physiques qu’on ne sait pas très bien décrire ce qui se passe.
9. Dans l’autre sens : en commençant par l’autre chose = ici, en sautant d’abord à deux
10. Genre = comme (familier, seulement à l’oral). Cette expression est devenue fréquente depuis peu. C’est comme « kind of » en anglais.
11. Prendre de l’élan : se reculer avant de sauter, afin d’aller plus loin
12. Sympa : abréviation de sympathique. Mais pour dire comme ici que c’est agréable, on utilise toujours l’abréviation, pas le mot entier.
13. Comment j’ai voulu le faire ! : ici, comment est employé pour insister = J’ai vraiment voulu le faire. (familier)
14. A l’époque : à ce moment-là.
15. C’est un budget = ça coûte cher. (Il faut avoir le budget nécessaire pour se le payer.)
16. Une mobylette : un deux-roues (un cyclomoteur) que peuvent conduire les jeunes à partir de 14 ans. (C’est le nom de la marque). Avoir une mobylette (ou une «mob») est un symbole de liberté, d’autonomie quand on est ado, notamment à la campagne, où les transports en commun n’existent pas ou ne sont pas pratiques comme en ville.
17. Sortir le soir = sortir avec ses copains et ses copines
Pour juste écouter cette conversation :
Le grand saut – France Bienvenue
Et vous ?
– Avez-vous déjà sauté à l’élastique ? Ou en parachute ?
– Aimez-vous les activités qui font monter l’adrénaline ? Lesquelles ? Racontez-nous ça!
A la semaine prochaine!