Cette semaine, vous allez faire connaissance avec Sophie, une institutrice, ou professeure des écoles comme on dit aujourd’hui. Elle est interviewée par Rémi, parce que de mon côté, je n’ai pas encore eu le temps de terminer mes enregistrements et de mettre tout ça en forme. Donc merci Rémi d’avoir réalisé cette interview qui permet à France Bienvenue de continuer cette semaine !

Pour écouter Rémi et Sophie :
Transcription
R: Rémi / S: Sophie
R : Aujourd’hui, on se retrouve avec Sophie. Comment ça va?
S : Ça va très bien. Et toi?
R : Moi, ça va super, ça va super. Aujourd’hui, on se retrouve pour parler de ton métier qui est instit’ (1). Instit’, donc bah pour ceux qui ne savent pas, c’est professeur mais pour les enfants… C’est de… quoi ? C’est de six à neuf ans peut-être?
S : De trois ans à dix ans.
R : Trois ans à dix ans, bien. Et du coup, actuellement, tu fais (2) quelle classe?
S : Alors actuellement, je travaille avec des CE2-CM1 (3), donc entre huit et dix ans, et au cours de ma carrière, j’ai pu à peu près travailler avec tous les niveaux d’enfants, de trois ans jusqu’à dix ans.
R : Et tu as… Est-ce que tu as une catégorie d’âge préférée ?
S : Moi, je préfère travailler avec les enfants entre huit et dix ans, les plus grands.
R : Ah oui. Il y a une raison particulière, ou non, c’est… c’est comme ça ?
S : L’interaction est plus intéressante et le programme est plus intéressant.
R : Ah, bah oui, je comprends, je comprends. Bon, je pense que vous le savez, ces derniers temps, il y a eu la période de Covid. Comment ça s’est passé de ton côté ? Parce qu’il me semble que toi, du coup, ton emploi du temps et ton travail habituel, on va dire, a été (4) complètement bousculé.
S : Effectivement (5), depuis que nous devons subir cette épidémie de Covid, nous avons navigué (6) de protocole en protocole (7), de tentatives de sérénité à installer dans les classes à des moments d’angoisse particuliers. Les enfants du coup subissent à peu près tout ce qui se passe dans la vie en société et tout ce qui se passe et tout ce qui est anxiogène (8) revient vers la classe. Donc du coup, on a passé beaucoup de temps à essayer d’apaiser les enfants et à pouvoir créer un climat propice (9) au travail.
R : Je comprends, ça a dû être difficile en tant que professeur, quand même de… ! Surtout, il me semble, avec les cas contacts (10), c’était compliqué.
S : Alors ce qui a été difficile, ça a été de gérer les enfants qui étaient positifs, les familles qui étaient positives, et puis les cas contacts à l’extérieur, les cas contacts à l’intérieur de l’école, les cas contacts à la garderie (11). En fait il y a eu beaucoup, beaucoup de situations à prendre en charge et avec peu de moyens (12), donc ça a été assez compliqué et très anxiogène du coup pour tout le monde.
R : Bon sinon, à part le Covid, parce qu’on ne va pas parler que de ça quand même (13)…
S : Non !
R : … il me semble que tu as fait des beaux voyages avec ta classe avant la période Covid. J’ai entendu parler d’un voyage à la neige (14) qui t’avait bien marquée.
S : Oui ! J’ai adoré ! On a fait beaucoup de… Alors, toute ma vie d’enseignante, j’ai essayé de proposer aux enfants des expériences différentes de ce qu’ils pouvaient vivre seuls (15), et du coup, c’est vrai que j’ai pu monter plusieurs projets en classe de neige, et dont un qui a été particulièrement riche, puisqu’on a pu proposer aux enfants de faire du ski alpin, de faire du traîneau à chien, du cani-dog… Du cani-dog… du cani-rando ! (16) Et puis on a construit des igloos, on a fait des raquettes (17), enfin vraiment plein d’expériences très différentes et très enrichissantes pour tout le monde.
R : Et est-ce qu’il y a d’autres voyages que tu as faits avec ta classe qui t’ont marquée, ou il y a vraiment eu ce moment précis qui était vraiment grandiose (18) ?
S : Alors ce moment a été particulier, parce que d’aller à la neige, c’est… Tout le monde n’y a pas accès. Donc c’était très… très particulier. J’étais dans une école où les niveaux sociaux, les catégories socio-professionnelles étaient assez basses (19), et du coup, peu d’enfants connaissaient le sport d’hiver. Et… Mais j’ai aussi pu faire du char à voile avec des élèves. Et ça aussi, c’est pareil, c’est très accessible, et très… ça sort du commun (20), voilà.
R : Super. Tu peux nous parler un petit peu de ce que c’est, le char à voile?
S : Alors, le char à voile, c’est une petite voiture qui est transportée et véhiculée par le vent et qui se pratique sur une plage suffisamment large et suffisamment longue pour pouvoir proposer des parcours. Donc c’est un déplacement par le vent, et c’est vrai que pour les enfants, c’est assez attractif, et ça évite d’avoir à… ça évite pour les enfants qui ont peur de l’eau, de ne pas oser se lancer dans l’activité.
R : Je comprends, c’est une activité qui fait plaisir à tout le monde en général.
S : C’est ça, c’est plus facile que la voile.
R : Ah, bah c’est super !
S : Très bien ! Merci beuacoup à vous.
Des explications :
- instit’ : abréviation familière et courante du nom instituteur / institutrice. (c’est-à-dire un enseignant qui exerce en école primaire.)
- faire le CP / le CE1, etc. : enseigner au CP / au CE1
- des CE2 – CM1 : des élèves de CE2 et de CM1 qui ont été regroupés parce qu’il n’y avait pas assez d’enfants en CE2 ou en CM1. Le CE2 (cours élémentaire 2) est la 3è année à l’école primaire. Le CM1 (cours moyen 1) est la classe suivante, donc la 4è année. (Il y a en tout 5 niveaux en primaire.)
- a été : il aurait fallu accorder au pluriel car le sujet est composé de 2 éléments (l’emploi du temps et le travail habituel) => ont été bousculés (= ont été perturbés, changés)
- effectivement = en effet, c’est vrai
- naviguer : se déplacer sur l’eau en bateau. Ici, cela indique que les enseignants ont dû subir de nombreux changements qui se sont succédé en fonction de l’intensité de l’épidémie.
- de protocole en protocole : tout au long de l’épidémie de Covid, les enseignants ont dû suivre des protocoles différents, c’est-à-dire des règles sanitaires mises en place par le Ministère de l’Education Nationale. Souvent, ces protocoles ont été annoncés au dernier moment, dans l’urgence, ce qui a contraint les enseignants à constamment s’adapter très vite., ce qu’ils ont souvent trouvé difficile et épuisant.
- anxiogène : qui crée de l’anxiété
- propice : favorable
- un cas contact : quelqu’un qui a été ou est en contact avec une personne contaminée par le virus et qui est donc potentiellement contaminé aussi. Au plus fort de l’épidémie, quand on était cas contact, on devait rester chez soi, s’isoler, se faire tester et ne revenir en classe ou au travail qu’après un certain nombre de jours.
- une garderie : avant et après les heures de classe, les écoles sont ouvertes aux enfants dont les parents commencent trop tôt ou finissent trop tard par rapport aux horaires scolaires (de 8h30 à 16h30). Les enfants sont donc gardés par du personnel payé par les villes. On dit qu’ils vont à la garderie.
- peu de moyens : peu de ressources en tout genre. Par exemple pendant l’épidémie, peu de masques, puis peu d’auto-tests, peu de moyens informatiques, etc. Les enseignants ont souvent dû trouver seuls comment se débrouiller pour continuer à faire classe le mieux possible.
- quand même : malgré tout
- un voyage à la neige : un séjour à la montagne pendant l’hiver
- seuls : ici, cela signifie en dehors de l’école, dans leurs familles
- la cani-rando : c’est une randonnée à pied, où on est tiré par un chien. Sophie se trompe de terme au début et appelle ça cani-dog, ce qui ne veut rien dire, et donc rectifie en riant son erreur. (cani vient du latin canus, qui signifie chien.)
- faire des raquettes : se déplacer dans la neige avec des raquettes aux pieds pour éviter de s’enfoncer en marchant
- grandiose : magnifique, exceptionnel
- des catégories socio-professionnelles assez basses : des gens avec peu de revenus, avec des petits salaires, ou au chômage. On parle aussi de milieux défavorisés.
- ça sort du commun : ce n’est pas habituel, pas ordinaire. On dit aussi : ça sort de l’ordinaire
Les enseignants peuvent emmener leurs élèves en classe de découverte, en classe de neige, en classe verte, en classe de mer par exemple.
Ce sont des séjours pendant lesquels les enfants ont classe avec leur enseignant habituel mais aussi découvrent des activités sportives, culturelles, scientifiques pendant une partie de la journée, tous ensemble, encadrés par des animateurs-éducateurs diplômés. On parle aussi de classe transplantée.
Bravo aux enseignants qui organisent tout ça car c’est une sacrée responsabilité et beaucoup de travail, quasiment 24h sur 24 ! C’est une grande chance pour les enfants qui ont de tels enseignants.
Bonne semaine à tous et à la semaine prochaine !