Une tradition camarguaise (2)

Nous sommes vendredi. Alors voici aujourd’hui la fin de la conversation d’Alexane et son grand-père. Retour donc dans le midi de la France, avec ses traditions taurines et ses fêtes printanières et estivales. Comme personne ne sait encore très bien si ces fêtes de village pourront avoir lieu normalement lorsque nous sortirons de cette période de confinement, cela fait du bien de s’évader un peu avec Jacques qui connaît si bien les courses camarguaises !

Transcription 
Jacques : J / Alexane : A

A : Dans le sud, c’est que les petits villages, Vauvert, Le Cailar.
J : Ce n’est pas en (1) tout… tout le midi (2).
A : Non.
J : Dans les Bouches-Du-Rhône (3), il y en a beaucoup moins. Il n’y a que les arènes d’Arles, Plan d’Orgon, quelques communes, tandis que dans le Gard, l’Hérault, là, il y a beaucoup plus de villes.
A : Qui fêtent ça.
J : Qui ont cette passion.
A : Eh oui.
J : Du taureau camarguais.
A : Parce que, papi, tu sais de quand ça date, ça ? Petit (4), ça existait déjà ?
J : Oui, ça date de… dans les années 1800 au moins.
A : Ah ouais, d’accord !
J : Oui.
A : Parce que…
J : Alors après, ce que vous voulez savoir peut-être, c’est la tradition : le taureau est amené dans un camion pour la course camarguaise qui a lieu l’après-midi. Mais le matin, la tradition veut que pendant les fêtes votives, qui durent d’un dimanche à l’autre, dans chaque village, le public, les amateurs de taureaux se rendent le matin assez tôt dans les pâturages, assistent au tri de la course (5) fait par les gardians bien entendu et on entoure les quatre taureaux prévus pour l’abrivado, l’abrivado, c’est-à-dire l’arrivée à pied des taureaux et les pâturages sont situés à quand même… ça représente cinq-six kilomètres de trajet et il y a beaucoup de monde : les vélos devant, derrière.
A : C’est ça, des gens qui courent aussi.
J : Il y a beaucoup de bruit, les taureaux ont intérêt à être bien…
A : Encadrés, ouais.
J : Bien encadrés par les cavaliers. Et ils arrivent au village comme ça, à pied, vers midi. Alors bien entendu (6), le long du chemin, ils vont pas… ils ne courent pas. Mais à mesure qu’on arrive près du village (7), on commence à les faire aller un peu plus vite et finalement, c’est au galop (8) qu’ils arrivent dans les rues du village.
A : C’est ça, dans les arènes, après.
J : Sous les applaudissements des spectateurs, du public très nombreux et ils arrivent comme ça dans les arènes. Ensuite, la tradition veut que, chez nous, c’est en plein mois d’août, il ne fait pas froid ! Alors, avant l’apéritif du midi (9), on fait courir une vache emboulée (10).
A : Pour les jeunes.
J : Pour égayer (11) un peu l’arène et pour faire participer les jeunes du pays à faire des rasets (12) au taureau. Et puis alors, tout le monde va manger et l’après-midi à… comme il fait chaud, 17 heures, la course commence. Mais la course finie (13), il y a la bandido. Bandido, ce qui signifie le départ des taureaux qui retournent non pas aux pâturages parce que ça ferait trop loin, mais c’est calculé que, en bout du village, il y a le camion qui le reçoit, qui les récupèrent et qui les amènent de nouveau dans les prés. Et le lendemain, on recommence avec une autre manade et ça dure pendant huit ou dix jours. Voilà les traditions camarguaises de notre sud de la France.
A : Eh oui. Bon bah merci papi, en tout cas. C’était très intéressant et puis bah merci beaucoup et à bientôt, hein.
J : Il y a pas de quoi.

Des explications :
1. en : c’est plus naturel de dire « dans ».
2. le midi : ce terme désigne le sud de la France.
3. Les Bouches-Du-Rhône : il s’agit du nom de notre département, qui porte le numéro 13 (puisque les départements français sont classés par ordre alphabétique). Ce nom vient du fait que c’est là que ce situe le bout du Rhône (le fleuve), son embouchure, c’est-à-dire là où il se jette dans la Méditerranée.
4. Petit = quand tu étais petit, c’est-à-dire dans ton enfance.
5. Le tri de la course : les gardians choisissent les taureaux, ils les trient.
6. Bien entendu = évidemment
7. à mesure que… : plus les taureaux se rapprochent du village
8. au galop = lorsque les chevaux et les taureaux courent. Il y a plusieurs rythmes, du plus lent au plus rapide : aller au pas, aller au trot, aller au galop.
9. l’apéritif du midi : cette fois, il s’agit bien de l’horaire. On prend l’apéritif avant le repas de midi par exemple.
10. Une vache emboulée : on a mis des protections sur les cornes de cette vache pour éviter les accidents graves si un raseteur se laisse surprendre par elle.(Il y a des sortes de boules posées au bout des cornes.)
11. égayer : rendre quelque chose agréable
12. faire un raset : s’approcher des taureaux et essayer de décrocher la cocarde ou les attributs. (Cela vient du verbe raser, qui signifie s’approcher de très près de quelque chose)
13. la course finie : lorsque la course est finie / une fois la course finie (Cette structure raccourcie est très fréquente en français). Par exemple : Mon travail terminé, je regarderai une série. / La transcription relue, nous mettrons tout ça sur le site.

Une tradition Camarguaise 2 – France Bienvenue

Nous sommes fidèles au rendez-vous tous les vendredis, comme avant le confinement.
Mais n’oubliez pas de passer plus souvent ici car nous publions aussi dans l’intervalle des témoignages de nos proches et de notre entourage sur notre nouvelle vie à tous.
Vous pourriez même vous abonner pour ne rien rater ! 😉
Et donnez-nous de vos nouvelles!

Bonne journée à tous

5 réflexions sur “Une tradition camarguaise (2)

  1. Peta dit :

    Super intéressant d’avoir ces traditions bien expliquées par un monsieur qui les connaît bien et qui a tout vu – formidable! Merci mille fois Jacques et Alexane!

    J’aime

    • Alexane dit :

      Bonjour Peta,

      Merci beaucoup pour votre commentaire !
      Mon grand-père est un passionné des traditions camarguaises et cela lui a fait plaisir de vous en parler et à moi aussi de l’écouter !

      Alexane de France Bienvenue.

      J’aime

      • Peta dit :

        J’imagine qu’il y a de moins en moins de gens qui ont une connaissance approfondie de la façon dont ça se passait autrefois, ce qui rend cette conversation encore plus fascinante. Et pour une Australienne comme moi qui aime bien entendre des voix françaises authentiques, entendre celle de votre grand-père est un vrai plaisir. Merci encore une fois à vous deux!

        J’aime

        • Anne (de France Bienvenue) dit :

          Je suis bien d’accord avec vous, Peta ! Je me suis régalée aussi à écouter les enregistrements faits par Alexane. C’était une super idée et c’est bien d’avoir tous les âges représentés sur notre site.
          Comme l’autre fois d’ailleurs quand Camille a fait parler sa grand-mère sur les traditions de Noël en Provence.
          En tout cas, c’est une excellente équipe, cette année, fiable de bout en bout. Et ils continuent à travailler au projet. Nous aurons de quoi faire quasiment jusqu’à la nouvelle équipe je pense ! Incroyable et très gratifiant.
          A bientôt
          Anne

          J’aime

        • Peta dit :

          Oui, l’entretien avec la grand-mère de Camille était également intéressant, c’est vrai, Anne! Merci pour ce projet formidable qui me donne beaucoup de plaisir. Et Joyeuses Pâques de l’autre bout du monde! Peta

          J’aime

Laisser un commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s