On reste à la maison – Fred

Le confinement ne se vit pas de la même façon selon l’endroit où on habite et l’activité professionnelle qu’on a. La vue de chez Fred vous permet peut-être déjà de deviner ce qu’il fait dans la vie. Et puis Fred, vous le connaissez déjà !
Une chose est sûre, c’est qu’il met le nez dehors tous les jours, tout en restant à la maison. Et finalement, cet isolement imposé à tous les Français l’a amené à jouer un rôle important dans son village. C’est ce qu’il nous raconte aujourd’hui.
Séparés les uns des autres mais tous ensemble malgré tout.

On reste à la maison avec Fred – France Bienvenue

Transcription
F : Fred / A : Anne

A : Bonjour Fred.
F : Bonjour Anne.
A : Ça va ?
F : Eh oui, on résiste !
A : Bon. Bon, toi, tu habites quand même dans un endroit assez tranquille, donc est-ce qu’il y a une grosse différence ?
F : Oui, c’est très tranquille, Rochefort !
A : Donc qu’est-ce qui change, alors, pour toi ?
F : Donc je cultive des légumes et mon marché habituel (1), je pouvais pas m’y rendre (2). J’en avais pas envie et il a fallu que je trouve une solution d’appoint. Donc j’ai contacté ma mairie jeudi en disant que j’avais mes légumes à vendre. Et en fait, j’ai envoyé mon mail, il devait être 11h et demie et à 2h, j’avais tout vendu !
A : Ah oui ?
F : Les gens sont très demandeurs. (3)
A : Bah oui, oui, ça leur évite d’aller dans les magasins, et puis c’est tout frais, tout ça.
F : Exactement. C’est vrai que c’est agréable, quoi. J’avais récupéré les légumes la veille et le matin, donc ils avaient quelque chose de très frais. Et je crois qu’en ce moment, oui, des petites choses comme ça, ça fait plaisir. Donc j’ai été accueilli comme le sauveur !
A : Juste avec des légumes, tu vois, finalement, hein, tout arrive (4) ! Et comment tu t’y es pris (5), alors ? C’est toi qui es allé, je sais pas, à la mairie, devant la mairie ou ils sont venus chez toi ?
F : Non, il m’a paru plus simple de me déplacer moi, ça faisait déplacer qu’une seule personne. Donc j’ai pris… C’est ça qui a été le plus gros changement pour moi : d’habitude, le marché, c’est tout à l’oral. Les gens voient les produits devant eux. Donc là, il m’a fallu passer beaucoup de mels, dire aux gens ce que j’avais, expliquer un peu, etc. Donc j’ai passé pas mal de temps sur l’ordinateur. Et ensuite, bah j’ai préparé mes commandes et…
A : Et donc les gens sont venus récupérer ça…
F : Donc non. Alors oui, pour terminer, j’avais un petit circuit : j’avais plusieurs personnes dans mon quartier, ensuite, jusque… jusqu’au centre du village.
A : Et alors, qu’est-ce que tu as vendu, là, en ce moment ? Tu avais de quoi alimenter à peu près… approvisionner ?
F : C’était mon premier marché, non, donc c’était… c’était un peu léger donc, mais ça me barbait (6) de perdre ça. Donc j’avais des épinards, des épinards frais.
A : Ça, c’est bon, oui !
F : Des côtes de blettes multicolores. Elles changent un peu des variétés habituelles.
A : Oui ? Puis ça fait de la couleur dans notre quotidien qui est un peu… un peu gris, en ce moment !
F : Voilà, oui, oui. Et puis des bouquets d’aromates (7). Et des courges !
A : Ah ! Des courges, encore des courges ! Bah tu sais que nous, on continue à manger nos courges et qu’on est très contents de les avoir, hein ! Parce que bah finalement, ça nous fait des légumes. On n’a pas à se casser la tête (8) à trouver des légumes. Et puis, elles sont toujours parfaites, hein, là. Donc on les mange de toutes les façons possibles et on se régale sans arrêt. Voilà. Donc merci, les courges !
F : Tant mieux ! (9)
A : Bon bah, c’est drôlement bien (10), alors, ça. Et…
F : Oui, je suis soulagé, oui.
A : Oui. Bah oui. Tu vas refaire l’expérience ? Enfin… tu vas continuer ?
F : Alors, dès que j’aurai de la marchandise, oui, toutes les personnes que j’ai visitées m’ont demandé…
A : de continuer, oui.
F : De continuer, ce que j’allais avoir rapidement. Et… oui, il y a un problème, là, pour les jardins parce que donc moi, je suis vraiment en campagne (11), mais il y a beaucoup de gens qui ont des jardins aussi. Donc là, pour eux, c’est la période creuse (12) parce que c’est la fin de l’hiver, il y a pas beaucoup de choses, mais même les jardineries (13) sont fermées, donc ils peuvent pas trouver de plants (14), acheter de graines et…
A : Eh oui, c’est ça. Oui, oui.
F : ça risque de poser problème, ça aussi.
A : Donc bah finalement, peut-être qu’après, c’est toi qui vas assurer leur approvisionnement parce que si ils ont pas pu… si ils n’ont pas pu démarrer leur potager, ils vont être demandeurs, sûrement. Donc toi, il faut que tu te mettes vraiment au boulot, alors que tu savais pas trop si… si ça valait le coup (15) de planter ou pas, finalement.
F : Oui. Moi, mon problème, c’est les avances aux cultures, enfin… ce que doit donner le producteur avant de récolter. Sur certaines cultures, ça représente de l’argent et on peut pas se lancer (16) comme ça.
A : C’est sûr, oui. Si après tu… tu fais quelque chose et puis que tu es obligé de jeter, enfin… c’est bête (17), quoi. C’est… Bon bah écoute, c’est une bonne nouvelle, ça. Et tant mieux, alors. Tu as fait des heureux.
F : C’est des nouvelles relations. Ça crée des nouvelles relations avec les gens.
A : Eh oui, c’est ça. Tu as rencontré des gens que tu connaissais de loin.
F : Oui.
A : C’est super sympa et… Mais alors, tout le monde était à un mètre de distance ? Comment ça se passe ? Les gens sont méfiants un peu quand même ? Enfin… prudents ?
F : ça dépendait. Non, non, c’était pas…
A : C’était pas le stress complet comme en ville.
F : Ouais. Moi, je crois que c’était moi qui étais le plus stressé pour… ouais, que ça se fasse dans les conditions optimales.
A : Oui, d’accord. Bon, et tu t’es bien lavé les mains après en rentrant et… Et voilà !
F : Oui.
A : Bon bah merci, Fred, alors. Bonne continuation.
F : Merci beaucoup, Anne, et puis, à bientôt.
A : Oui, on se tient au courant. (18)

Des explications :
1. un marché : Fred va vendre ses produits une fois par semaine au marché.
2. Se rendre quelque part : aller quelque part
3. être demandeur : être prêt à acheter quelque chose.
4. Tout arrive ! : c’est l’expression employée pour parler d’une chose à laquelle on ne croyait pas qui finalement se produit.
5. Comment tu t’y es pris ? = Décris-nous comment tu as fait.
6. Barber = ennuyer. Ça me barbe = ça ne me plaît pas. (familier)
7. des aromates = des herbes aromatiques (persil, thym, coriandre, etc.)
8. se casser la tête ( à faire quelque chose) : chercher comment faire (familier)
9. Tant mieux ! : c’est ce qu’on dit quand on est content que quelque chose se produise.
10. c’est drôlement bien = c’est vraiment bien (familier)
11. je suis en campagne = j’habite en pleine campagne
12. une période creuse : une période pendant laquelle il y a peu d’activité
13. une jardinerie : un magasin qui vend des plantes et tout ce qui est nécessaire au jardinage
14. des plants : des jeunes légumes prêts à être repiqués dans les potagers.(des plants de salades, de tomates, etc.)
15. ça vaut le coup = ça vaut la peine parce que ça va donner un résultat. (familier)
16. se lancer : démarrer une activité
17. C’est bête = c’est idiot, stupide (familier)
18. On se tient au courant : on se parle de nouveau bientôt pour se raconter la suite.

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